ANALYSE D’USAGE DU LIBRE ACCÈS CHEZ LES HISTORIENS DE L’UNIVERSITÉ D’ANGERS

ANALYSE D’USAGE DU LIBRE ACCÈS CHEZ LES HISTORIENS DE L’UNIVERSITÉ D’ANGERS

L’organisation du mouvement

La création de Scholarly Publishing and Academic Resources Coalition (SPARC)

En 1998, face à l’augmentation des prix des abonnements de revues, l’Association of Research Libraries (ARL) crée la Scholarly Publishing and Academic Resources Coalition (SPARC82). La SPARC est une alliance internationale qui regroupe des bibliothèques universitaires et de recherche. L’objectif est de publier des revues alternatives concurrentes de revues déjà existantes et qui ne seraient pas en libre accès mais moins chères que leurs homologues. SPARC soutient parallèlement les initiatives en libre accès ainsi que tous les modèles pouvant étendre la diffusion de la recherche scientifique et mène des actions d’information pour les chercheurs83. L’alliance concentre principalement ses efforts sur trois points : le libre accès aux articles issus de la recherche, l’open data, c’est-à-dire l’ouverture aux données de la recherche et les ressources éducatives libres, à savoir « la création et le partage ouvert de matériaux utilisés dans l’enseignement84 ».

La convention de Santa Fé et l’Open Archives Initiative (OAI)

Le Mouvement pour les Archives Ouvertes correspond en anglais à l’Open Archives Initiative (OAI), lancée en octobre 1999 à la Convention de Santa Fé. Avec la multiplication des archives disciplinaires, la recherche d’informations devenait difficile. Il fallait donc un système pour faire communiquer les archives entre elles. A l’initiative de Carl Lagoze, alors impliqué dans le Cornell Digital Library Research Group (CDLRG85), et Herbert Van de Sompel, bibliothécaire et informaticien, tous les responsables d’archive ouverte vont se réunir à Santa Fé et mettre au point une convention pour garantir un minimum d’interopérabilité entre les archives, c’est-àdire le fait de pouvoir consulter en une fois toutes les archives où qu’elles se trouvent dans le monde. La première norme est établie le 15 février 2000, c’est elle qui deviendra en 2001 ce que l’on appelle aujourd’hui l’Open Archives Initiative Protocol for Metadata Harvesting86. Le protocole OAI-PMH est un standard informatique. Il permet la recherche dans toutes les archives simultanément. Steven Harnad va développer un logiciel permettant de traiter tous les documents déposés selon le protocole OAI-PMH : EPrints.Le développement des techniques a permis de favoriser la création d’archives mais pourtant elles sont restées peu nombreuses et peu alimentées. A cela trois causes principales : les chercheurs peu sensibilisés au libre accès, le faible nombre d’archives institutionnelles et les différentes politiques éditoriales concernant les articles archivés.

La lettre ouverte de Public Library of Science

La pétition de la Public Library of Science (PLoS) rassemble des chercheurs qui veulent rendre leurs travaux accessibles à tous. Elle a été lancée en ligne par Patrick Brown, biochimiste à Stanford et Michael Eisen, un bioinformaticien de l’Université de Californie à Berkeley87. Ceux-ci voulaient pousser les éditeurs à archiver leurs travaux dans des bibliothèques en ligne mais devant leurs réticences, la pétition a été lancée début 2001. Les plus de trente mille chercheurs signataires venant de deux-cent pays demandaient que les articles soient publiés gratuitement en ligne six mois après leur publication dans une revue papier. A l’époque, les revues en libre accès ne représentaient qu’un très faible pourcentage des périodiques scientifiques. Des questions sur l’édition scientifique se posaient déjà mais plutôt autour de la répartition du travail entre chercheurs, éditeurs et bibliothèques. Pour accéder aux travaux, la formule qui prévalait était le « pay per view »88. Les chercheurs menaçaient de ne publier que dans les revues acceptant cette revendication. Mais le boycott étant trop contraignant (les éditeurs avaient bien compris que les chercheurs ne pouvaient pas se passer de publier), la PLoS s’est lancée elle-même dans la publication de revues89. Ainsi, elle publie maintenant PLOS90 Biology (la première, lancée en 2003), PLOS Medicine, PLOS Genetics, PLOS Computational Biology, PLOS Pathogens, PLOS Neglected Tropical Diseases et PLOS One (revue uniquement en ligne, lancée en 2006), revues qui sont financés par les contributions des auteurs.

Les « 3B » : Budapest, Bethesda et Berlin

La déclaration de Budapest sur les archives ouvertes

Le débat revient en février 2002 lorsque s’ouvre l’Initiative de Budapest pour l’Accès Ouvert (BOAI). En décembre 2001, les chercheurs impliqués dans le libre accès se réunissent à Budapest à l’initiative de George Soros. Ces chercheurs sont de toutes les disciplines. Les bibliothécaires sont aussi présents, représentés par la SPARC. Les individus présents invitent les chercheurs du monde entier à communiquer les résultats de leurs recherches librement91. L’appel est lancé le 14 février 2002 dans des périodiques scientifiques et dans de grands journaux nationaux. Le net n’est pas en reste puisque la Budapest Open Archives Initiative recueille les signatures des chercheurs s’engageant dans le libre accès, soit par l’auto-archivage (BOAI 1), soit par la publication dans des revues en libre accès (BOAI 2)92. La BOAI 2 est aujourd’hui largement acceptée mais la BOAI 1 reste mal connue. En effet, les déclarations de 2003 à Bethesda et Berlin ont ensuite insisté sur la deuxième solution sans mettre en avant la première. Pour développer le libre accès, les professionnels comptent alors sur le site RoMEO. Le développement du libre accès a poussé les éditeurs à clarifier leur position sur l’auto-archivage. Le site SHERPA/RoMEO recense la politique de chaque éditeur pour ses revues. Le site fonctionne avec un code couleur : vert signifie que pour une certaine revue, l’éditeur autorise l’archivage des prépublications et des postpublications ou de la version publiée (en PDF) ; bleu signifie que l’archivage des postpublications ou de la version publiée est possible ; jaune signifie que seules les prépublications peuvent être archivées et blanc signifie que rien n’est archivable.

La déclaration de Bethesda pour l’édition en libre accès

Les idées de Budapest sont reprises en avril 2003 lors de la déclaration de Bethesda pour l’édition en libre accès93. Par rapport à Budapest, Bethesda fournit en plus une définition de la contribution en libre accès :
« Une publication en libre accès [1] est une publication qui remplit les deux conditions suivantes : 1. Le/les auteur(s) ainsi que les titulaires du droit d’auteur accordent à tous les utilisateurs un droit d’accès gratuit, irrévocable, mondial et perpétuel et leur concèdent une licence leur permettant de copier, utiliser, distribuer, transmettre et visualiser publiquement l’œuvre et d’utiliser cette œuvre pour la réalisation et la distribution d’œuvres dérivées, sous quelque format électronique que ce soit et dans un but raisonnable, et ce à condition d’en indiquer correctement l’auteur [2] ; ils accordent également aux utilisateurs le droit de faire un petit nombre de copies papier pour leur usage personnel. 2. La version complète de l’œuvre, ainsi que tout document connexe, dont une copie de l’autorisation ci-dessus, réalisée dans un format électronique standard approprié, est déposée dès sa publication initiale dans au moins un réservoir en ligne subventionné par un établissement d’enseignement supérieur, une société savante, une agence gouvernementale ou tout autre organisme reconnu œuvrant pour le libre accès, la diffusion sans restriction, l’interopérabilité, et l’archivage à long terme (PubMed Central est un exemple de ce type de réservoir en sciences biomédicales).
Notes : 1. Le libre accès est l’attribut de travaux individuels et pas nécessairement celui des revues ou des éditeurs. 2. Les règles de la communauté, plutôt que les lois sur le droit d’auteur, continueront à fournir les mécanismes garantissant une bonne attribution de la paternité de l’œuvre et une utilisation responsable de l’œuvre publiée, comme elles le font déjà aujourd’hui. »
La déclaration de Bethesda précise aussi le rôle des acteurs de la communication scientifique : chercheurs, sociétés savantes, bibliothèques, éditeurs, institutions et agences de financement.

La déclaration de Berlin sur le libre accès à la connaissance en sciences exactes, sciences de la vie et sciences humaines et sociales

En octobre 2003, la déclaration de Berlin sur le libre accès à la connaissance en sciences exactes, sciences de la vie, sciences humaines et sociales est initiée par la société Max Planck94. Berlin est une étape clé du développement mouvement du Libre Accès car elle marque l’implication des principaux organismes de recherche européens. En France, les signataires sont des institutions : CNRS, INSERM, Institut Pasteur, INRA, INRIA… Les idées de la BOAI et de Bethesda sont réaffirmées et le modèle du libre accès est étendu à l’ensemble des résultats de la recherche. Berlin fournit également sa propre définition du libre accès :
« Les contributions au libre accès se composent de résultats originaux de recherches scientifiques, de données brutes et de métadonnées, de documents sources, de représentations numériques de documents picturaux et graphiques, de documents scientifiques multimédia.
Les contributions au libre accès doivent satisfaire deux conditions :
1. Leurs auteurs et les propriétaires des droits afférents concèdent à tous les utilisateurs un droit gratuit, irrévocable et mondial d’accéder à l’œuvre en question, ainsi qu’une licence les autorisant à la copier, l’utiliser, la distribuer, la transmettre et la montrer en public, et de réaliser et de diffuser des œuvres dérivées, sur quelque support numérique que ce soit et dans quelque but responsable que ce soit, sous réserve de mentionner comme il se doit son auteur (les règles usuelles de la collectivité continueront à disposer des modalités d’attribution légitime à l’auteur et d’utilisation responsable de l’œuvre publiée, comme à présent), tout comme le droit d’en faire des copies imprimées en petit nombre pour un usage personnel.
2. Une version complète de cette œuvre, ainsi que de tous ses documents annexes, y compris une copie de la permission définie dans ce qui précède, est déposée (et, de fait, publiée) sous un format électronique approprié auprès d’au moins une archive en ligne, utilisant les normes techniques appropriées (comme les définitions des Archives Ouvertes [Open Archives]), archive gérée et entretenue par une institution académique, une société savante, une administration publique, ou un organisme établi ayant pour but d’assurer le libre accès, la distribution non restrictive, l’interopérabilité et l’archivage à long terme. »
Ici, ce n’est pas seulement l’article qui est mis à disposition de tous, mais également tous les matériaux de la recherche. L’accès est total, sans contrainte technique ou temporelle. Le lecteur peut non seulement consulter, mais aussi réutiliser et ajouter. L’accès et l’utilisation ne sont possibles qui si les travaux sont déposés en intégralité sur des serveurs publics et pérennes, en respectant des normes techniques précises (fiche de métadonnées en Dublin Core, OAIident [URI95], interopérabilité [OAIPMH]96).

Guide du mémoire de fin d’études avec la catégorie Étude des pratiques informationnelles des chercheurs

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Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport gratuit propose le téléchargement des modèles gratuits de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Sommaire
INTRODUCTION HISTORIOGRAPHIE
1 Méthodologie employée
2 Des études qui commencent d’abord dans le champ des sciences, technologie et médecine 3 Une très forte implication du monde anglo-saxon 4 En France, des débats entre professionnels qui débouchent sur des ouvrages de synthèse 5 De multiples conférences de suivi d’actualité mais peu consacrées aux pratiques des chercheurs 6 Les rendez-vous annuels incontournables LIBRE ACCÈS : RETOUR SUR 25 ANS D’HISTOIRE
1 Le libre accès : aux origines du mouvement
1.1. Éléments de définition
1.1.1. Des pratiques différentes : l’auto-publication et l’auto-archivage
1.1.2. S’entendre sur la définition d’« archive »
1.1.3. Typologie des archives ouvertes et documents concernés
1.2. Les premières archives
1.2.1. Paul Ginsparg et ArXiv (1991)
1.2.2. La « proposition subversive » (1994)
1.2.3. Les grands projets de la fin des années 1990
2 L’expansion du mouvement
2.1. L’organisation du mouvement
2.1.1. La création de Scholarly Publishing and Academic Resources Coalition (SPARC)
2.1.2. La convention de Santa Fé et l’Open Archives Initiative (OAI)
2.1.3. La lettre ouverte de Public Library of Science
2.2. Les « 3B » : Budapest, Bethesda et Berlin
2.2.1. La déclaration de Budapest sur les archives ouvertes
2.2.2. La déclaration de Bethesda pour l’édition en libre accès
2.2.3. La déclaration de Berlin sur le libre accès à la connaissance en sciences exactes, sciences de la vie et sciences humaines et sociales
2.3. Les évolutions plus récentes
2.3.1. La prise de conscience civile, politique puis universitaire
2.3.2. Deux exemples d’obligation de dépôt : le NIH et OpenAIRE
2.3.3. L’accélération des dernières années
3 Le libre accès en France
3.1. Constat et acteurs
3.1.1. Les premiers essais français
3.1.2. La situation du libre accès en France
3.1.3. Typologie des acteurs 3.2. L’UA, première université à voter la création d’une archive institutionnelle accompagnée d’un mandat de dépôt
3.2.1. La genèse du projet
3.2.2. Un dépôt pour les chercheurs
3.2.3. Le vote pour une obligation de dépôt dans l’archive ouverte institutionnelle
ANALYSE D’USAGE DU LIBRE ACCÈS CHEZ LES HISTORIENS DE L’UNIVERSITÉ D’ANGERS
1 Présentation de l’enquête
1.1. Le questionnaire
1.1.1. La réalisation du questionnaire
1.1.2. Les difficultés rencontrées
1.2. Les participants
1.2.1. Présentation des chercheurs
1.2.2. Les difficultés rencontrées
2 Des chercheurs qui ont en grande partie une connaissance superficielle du libre accès
2.1. Connaissance générale des termes et du mouvement OAI
2.1.1. Les sources d’informations sur les archives ouvertes
2.1.2. Expliquer ce qu’est le libre accès
2.1.3. Des connaissances disparates sur les termes liés au libre accès
2.2. Connaissance du projet d’archive institutionnelle de l’Université d’Angers et des ressources libres disponibles à la BUA
2.2.1. Une connaissance du projet mais pas du mandat de dépôt voté
2.2.2. Des ressources libres insuffisamment connues comme telles
3 Étude des pratiques informationnelles des chercheurs
3.1. Le papier dépassé par internet
3.1.1. La place d’internet dans les pratiques professionnelles
3.1.2. Les chemins d’accès aux informations
3.2. … mais pas encore délaissé au profit du e-only
3.2.1. Une BU qui est toujours fréquentée
3.2.2. Une méfiance envers la provenance des publications et des informations
4 Gold ou papier ? Où les chercheurs publient-ils et pourquoi ?
4.1. Une prédominance de l’édition traditionnelle
4.1.1. Des publications qui s’effectuent en priorité dans des revues traditionnelles
4.1.2. Une méconnaissance des bienfaits de la publication ou du dépôt en libre accès
4.2. Expériences d’auto-archivage et de publication dans des revues libres
4.2.1. Le dépôt sur HAL-SHS
4.2.2. La publication dans des revues libres en ligne
5 L’attitude des historiens face au libre accès
5.1. Ce que les chercheurs pensent du libre accès en général
5.1.1. Le libre accès, c’est bien…
5.1.2. … mais il ne faut pas rendre tout disponible tout de suite
5.2. Le rôle de la bibliothèque universitaire
5.2.1. Le libre accès comme moyen de négocier face aux éditeurs
5.2.2. Le pilotage de l’archive institutionnelle par la BU
5.2.3. Une disparition de l’édition papier ?
5.3. Les avis sur l’archive institutionnelle de l’UA
5.3.1. Certains chercheurs comprennent ce projet
5.3.2. D’autres au contraire sont réticents CONCLUSION

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