ANALYSE DES SYSTEMES DE PRODUCTION BASES SUR L’HEVEA

ANALYSE DES SYSTEMES DE PRODUCTION BASES SUR L’HEVEA

L’HEVEACULTURE EN INDONESIE ET LE ROLE DE L’AGROFORESTERIE

 L’hévéaculture indonésienne

L’Indonésie est le deuxième pays producteur de caoutchouc naturel dans le monde après la Thaïlande (la Malaisie arrivant en troisième position et très nettement en constante baisse de production). L’avenir de l’hévéaculture thaïlandaise est toutefois limité par le manque de réserve foncière et par le coût croissant de la main d’œuvre, limites que ne connaît pas l’Indonésie. La Malaisie ne plante actuellement plus d’hévéa et convertit même ses plantations en palmier à huile. Ceci devrait permettre à l’Indonésie de conquérir la première place des pays producteurs d’ici à la fin du siècle. Ces trois pays contribuent à plus de 80 % de la production de caoutchouc naturel dans le monde (IRSG, 1996). La production de caoutchouc naturel représente la deuxième exportation indonésienne non pétrolière en valeur après les produits du bois.Avec la hausse relative des prix du caoutchouc jusqu’à la fin des années 1970, des différences de revenu et des possibilités d’accumulation de foncier et/ou de capital ont engendré une certaine différenciation sociale et différentes catégories d’exploitants agricoles selon les provinces. En 1993, A. Gouyon montrait qu’en fonction des cours du caoutchouc, le seuil de reproduction d’une exploitation était atteinte à partir de 2 hectares par actif adulte. Dans les zones où les terrains sont entièrement appropriés (Sumatra Nord et Sud), une partie des exploitants possèdent des superficies hévéicoles insuffisantes pour employer la totalité de leur main d’œuvre et subvenir aux besoins monétaires de leur famille. Cette catégorie regroupe notamment de jeunes exploitants, qui sont soit des petits propriétaires-métayers, disposant de moins d’un hectare par actif, soit de paysans sans terre, qui louent quotidiennement leur force de travail. Les travailleurs de cette catégorie migrent vers les villes, où les salaires dans les usines sont plus attractifs. A l’autre extrémité de l’échelle sociale, on retrouve une minorité de propriétaires rentiers, qui ont accumulé des surfaces hévéicoles nécessitant de la main d’œuvre extérieure. Ces propriétaires confient à une main d’œuvre salariée ou à des métayers les plantations d’hévéas où la rémunération du travail est inférieure aux coûts de reproduction. Mais ce choix est influencé par les temps de trajets, la pénibilité du travail et la régularité du revenu tiré de chaque système de culture (A. Gouyon, 1995).L’hévéaculture indonésienne repose principalement sur les petites plantations paysannes, avec une surface s’étendant de 1 à 4 hectares par famille (Gouyon A., 1995). Ces plantations paysannes couvrent ainsi 84 % des superficies hévéicoles indonésiennes (1,2 millions d’exploitations, soit plus de 5 millions de personnes en 1997). Elles produisent 73 % du caoutchouc naturel, le reste étant produit par des plantations industrielles d’état ou privées (DGE, 1996).

Contraintes et nécessaire évolution de ce secteur

Contrairement à ses voisins malais et thaïlandais, l’Indonésie n’a pas donné la priorité au développement hévéicole dans les années 1960 et 1970. En effet, si on a pu constater une volonté politique très nette de l’administration indonésienne en ce qui concerne le développement de la riziculture irriguée à Java et Bali (Révolution Verte), puis dans une moindre mesure celui des “palawijas”14 à partir de 1986, avec un succès bien moindre, et toujours pour objectif l’autosuffisance alimentaire, le secteur petit planteur de la production de caoutchouc a toujours été considéré comme dynamique et expansif par nature, et, par là même ne nécessitant pas d’intervention massive directe des pouvoirs publics. Par opposition à la Malaisie ou à la Thaïlande, les zones hévéicoles indonésiennes ne soulèvent pas de problème politique ou ethnique. Le gouvernement n’a donc pas ressenti la nécessité d’une quelconque action avant les années 1970.Différents types d’intervention ont été développés au début des années 70 avec une approche partielle (ARP15) ou complète basée sur un paquet technologique comparable à celui des grandes plantations (PRPTE16, P3RSU, P3RSB17, de 1968 à 1979 puis SRDP18, à partir de 1980 et actuellement TCSDP/TCSSP19 de 1988 à 1997, ainsi que les projets NES/PIR20 de transmigration). Les résultats de ces projets sont relativement controversés à l’exception notable du projet SRDP/TCSDP qui a significativement contribué, d’une part à la plantation de plus de 75 000 ha en 15 ans de parcelles productives, et, d’autre part et de façon indirecte, à la diffusion d’informations techniques (méthode de greffage, fertilisation, système de saignée…), de savoir-faire et de matériel végétal clonal de qualité (principalement le clone GT1 puis PB 260). Les projets NES ont également permis la fixation de transmigrants dans des zones faiblement peuplées et peuvent être considérés comme des succès comparés aux zones de transmigration basées sur les cultures annuelles, même si, techniquement, la gestion des arbres dans ces projets est souvent très mauvaise avec la recherche de profits rapides au détriment du potentiel de production des arbres. Néanmoins, ces projets dans leur totalité n’ont touché directement que 10 % des petits planteurs, dont on peut estimer qu’à peine 60 % ont réellement débouché sur des plantations viables. La majeure partie des petits planteurs n’ont donc encore aucun accès aux innovations techniques, à l’exception notable des provinces de Sumatra Nord et Sud où un certain nombre d’opérateurs privés peuvent fournir des clones aux planteurs, et où la densité de projet a été, et est toujours, importante. Le principal inconvénient de ces approches de développement où la plantation est généralement fournie “clés en main” est leur coût prohibitif à une large échelle. Au rythme actuel, il faudrait 165 ans d’intervention sous forme de projets pour toucher la totalité des paysans indonésiens (T. Tomish, 1988). L’objectif futur est de développer des approches basées sur d’autres systèmes, monoculture et agroforesterie, avec des niveaux de travail et d’intrants limités. Deux situations coexistent : le développement de l’hévéaculture dans des zones nouvelles ou en expansion et la replantation de vieilles agroforêts à hévéas (au moins 800 000 ha en 1990 selon Gouyon, 1991)

Importance des systèmes agroforestiers complexes

 Qu’est-ce que l’agroforesterie ?

L’agroforesterie a été décrite de différentes manières. L’ICRAF la définit comme “différents systèmes de production où des arbres sont délibérément associés à des plantes cultivées ou des animaux d’élevage dans un même espace”. Cependant, cette définition fait de l’agroforesterie un ensemble fixe de pratiques. Leakey (1996) redéfinit l’agroforesterie comme un “système dynamique et écologique de gestion des ressources naturelles qui permet, en intégrant arbres et activités agricoles, de diversifier et de soutenir la production des petits producteurs, d’augmenter les bénéfices sociaux et environnementaux de leur travail”.Une partie de l’agriculture en Indonésie s’est construite autour d’essences ligneuses, traditionnellement, avec un net regain lors du développement de l’agriculture commerciale au cours du siècle dernier, en particulier pour l’hévéa, devant une demande en régulière augmentation. La cohabitation entre l’homme et la forêt passe essentiellement par ces espaces reboisés, redessinés et replantés par les paysans selon les besoins humains, qui maintiennent partiellement la biodiversité originelle et un environnement de type forestier permettant la diversification des revenus.

Systèmes agroforestiers « simples » et « complexes »

En Indonésie, c’est en fait d’ « agroforesteries » au pluriel dont il convient de parler, tant leur diversité est grande. H. de Foresta et G. Michon (1992) divisent les différentes associations agroforestières en deux principales catégories, « systèmes agroforestiers simples » et « systèmes agroforestiers complexes », qui sont liées à deux conceptions différentes et nécessitent différents approches. Les « systèmes agroforestiers simples » sont des associations impliquant peu de composantes, généralement une espèce pérenne pouvant être d’importance économique majeure (cocotier, hévéa, giroflier…) ou ayant un rôle plus qualitatif (Erythrina, Leucaena) et une culture annuelle (riz, mais, légumes, plante fourragère…) ou pérenne arbustive (café, cacao…). Ces associations simples sont représentatives du modèle agroforestier « classique » favori des programmes de recherche et développement de la plupart des institutions traitant d’agroforesterie. Dans les « systèmes agroforestiers complexes » interviennent un nombre élevé de composantes (arbres, arbustes, lianes, plantes herbacées…) dont l’organisation et le fonctionnement sont proches de ceux observés dans les écosystèmes naturels en forêt primaire et secondaire. Ces systèmes se rencontrent principalement dans le cadre d’agricultures paysannes du monde tropical humide. Au Brésil, ces systèmes sont des « forêts aménagées » ayant évolué par des transformations progressives et intégrées à l’écosystème original, tandis qu’en Indonésie, ce sont de vrais jardins établis après suppression totale de la végétation d’origine et plantation d’espèces choisies. D’une extrémité à l’autre de l’archipel indonésien, les fameux “hommes de la forêt” ont su reconstruire des “forêts pour l’homme” : canneliers du Kerinci (Sumatra Ouest), durians et toona de Maninjau (Sumatra Ouest), bancoulier des Moluques, hévéa de Sumatra et de Kalimantan, damar “Shorea javanica” du Pesisir (Sumatra Ouest) ou de Lampung, “tembawang” de Kalimantan Ouest, agroforêts à salaks de Bali (G. Michon, 1985). Alors que les forestiers les considèrent comme de vulgaires destructeurs de forêts, les populations autochtones des îles extérieures auraient peut être une leçon à donner en matière de gestion forestière (P. Levang, 1995).

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Table des matières

Remerciements
Résumé
Abstract
Liste des acronymes
Plan du mémoire
I. CONTEXTE DE L’ETUDE
I-A. Introduction
I-A-1. Présentation du stage
I-A-2. Contexte scientifique
I-A-3. La demande institutionnelle
I-A-4. Objectifs et enjeux
I-A-5. Présentation de la zone d’étude
I-B. L’hévéaculture en Indonésie et le rôle de l’agroforesterie
I-B-1. L’hévéaculture indonésienne
I-B-2. Contraintes et nécessaire évolution de ce secteur
I-B-3. Importance des systèmes agroforestiers complexes
a) Qu’est-ce que l’agroforesterie ?
b) Systèmes agroforestiers « simples » et « complexes »
c) Les agroforêts à hévéas : une caractéristique indonésienne
I-B-4. Contraintes et opportunités des agroforêts à hévéas : l’utilisation de matériel amélioré comme principale source d’amélioration
I-B-5. Le programme RAS (Rubber Agroforestry Systems) : objectifs et réalisations
I-B-6. Place de l’étude dans le programme de recherche SRAP
I-C. Méthodologie
I-C-1. Cadre théorique
a) Zone d’étude
b) Différentes enquêtes
c) Techniques d’échantillonnage
I-C-2. Autres enquêtes effectuées dans la région
I-C-3. Discussion et critique de la méthodologie
II. ENVIRONNEMENT PHYSIQUE, AGRO-ECOLOGIQUE ET SOCIOECONOMIQUE
II-A. Présentation générale de l’Indonésie
II-B. Présentation de la province et du cadre d’étude
II-B-1. Milieu naturel
II-B-2. Economie régionale de la province de Jambi
II-B-3. Milieu humain
a) Populations locales et systèmes agraires
b) Transmigration
III. ANALYSE DES SYSTEMES DE PRODUCTION BASES SUR L’HEVEA DE LA REGION DE MUARA BUNGO, PROVINCE DE JAMBI
III-A. Caractérisation des systèmes de production
III-A-1. Facteurs de production
a) Terre
b) Travail
c) Capital
III-A-2. Analyse coûts-bénéfices des différents systèmes de cultures au sein de l’exploitation
a) Systèmes de culture basés sur l’hévéa
b) Le sawah, système de riziculture irriguée avec canaux et norias
c) Le ladang : cultures pluviales après brûlis
d) autres productions agricoles
III-A-3. Bilan de l’exploitation
a) Revenus agricoles de l’exploitation
b) Revenus générés par les activités non agricoles ou le métayage
c) Revenu annuel total de l’exploitation
d) Estimation du capital accumulé
III-A-4. Contraintes et opportunités Erreur ! Signet non défini
III-A-5. Définition d’un typologie opérationnelle des agriculteurs
a) Principales tendances par village
b) Typologie
III-B. Analyse du processus d’adoption des innovations externes par les petits planteurs : Analyse par type d’innovation, contraintes et perspectives
III-B-1. Matériel de plantation
a) Utilisation et connaissance des clones
b) Contraintes à l’adoption de clones
c) Une alternative au manque de capital : les seedlings clonaux
III-B-2. Pratiques culturales
a) Techniques de plantation
b) Protection
c) Niveau de désherbage, utilisation d’herbicides
d) Fertilisants chimiques
e) Cultures associées à l’hévéa
f) Plantes de couverture
CONCLUSION GENERALE
Bibliographie
Annexes

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