Analyse des strategies de developpement territorial dans les collectivites locales

Au lendemain des indépendances, les pays africains ont mis en place des politiques d’aménagement du territoire pour éradiquer la pauvreté. L’aménagement du territoire peut être défini au Sénégal comme «un ensemble de mesures volontaristes visant, par une organisation prospective de l’espace, à utiliser un territoire de manière rationnelle, en fonction de ses ressources et potentialités, et dans le but de satisfaire les besoins immédiats et futurs de l’ensemble de la population». (Amadou Diop, 2012).

Cependant le caractère centraliste des Etats, dans la conduite de leurs politiques d’aménagement, qui avaient comme souci la construction d’un Etat-nation, empêche véritablement d’asseoir une réelle politique d’aménagement du territoire. Les initiatives entreprises par «des Etats centralisateurs préoccupés par la consolidation des nations n’étaient pas pour favoriser les initiatives décentralisées et endogènes sur le plan institutionnel» .

En Afrique, le passage de l’aménagement du territoire au développement territorial s’est réalisé dans les années 1990 au profit des politiques de décentralisation. Le développement territorial est une démarche à la fois centraliste et endogène qui repose sur une implication effective des acteurs à la base dans la conception, l’élaboration et la mise en œuvre d’un projet commun à un territoire donné. En effet, les populations locales qui sont les mieux imprégnées des problèmes et potentialités de leur localité doivent être en mesure de créer des territoires pertinents capables d’attirer des investissements afin de favoriser le développement harmonieux et durable de leur territoire. Les populations de la commune de Ndiayène Pendao, collectivité regorgeant d’importantes potentialités, pourraient ainsi s’inscrire dans une dynamique «capable de faire émerger des territoires de développement pertinents, compétitifs(…) tout en confortant la cohésion nationale» .

Pour ce faire, les dirigeants politiques doivent « associer pleinement les différentes collectivités de base à la gestion du pouvoir d’assainir quelque peu le cadre territorial de ce pouvoir » . La redéfinition du rôle de l’Etat, selon une approche de développement territorial, reste essentielle en ce sens que « l’Etat n’est pas un projet, c’est une ressource » . Il doit ainsi s’inscrire dans une dynamique visant à garantir « l’épanouissement de la personne dans la société, il n’a plus le monopole de l’intérêt général. Il faut faire en sorte qu’il devienne un accompagnateur et un régulateur. Il doit apprendre à déléguer davantage, à partager les responsabilités et non pas à organiser la partition des territoires» .

PROBLEMATIQUE

A l’aube des indépendances, les Etats africains ont tenté d’apporter des solutions aux séquelles de l’héritage colonial. En Afrique de l’ouest, notamment au Sénégal, les politiques d’aménagement du territoire étaient essentiellement conçues, élaborées et mises en œuvre par l’Etat. Cette vision ascendante entre dans une logique de construction d’une unité nationale. L’aménagement constitue alors «le principal moyen dont dispose l’Etat pour se construire concrètement, et entrainer l’adhésion de ses ressortissants à son être, une adhésion fondatrice de l’Etat Nation». (Pourtier, 2002, cité : Cristel Alvergne).

C’est une politique volontariste visant à réduire les inégalités spatiales et sociales afin de favoriser l’équité sociale à travers la valorisation de toutes les potentialités de chaque territoire. Or, en Afrique, «les politiques mises en œuvre ont donc été calquées sur les expériences francophones». Par conséquent, «les politiques d’aménagement telles qu’elles étaient menées ne permettaient ni d’appréhender ni de répondre aux défis des décideurs politiques : la nécessité de mobiliser tous les acteurs, de fédérer les ambitions, de libérer les énergies et de coordonner les initiatives pour assurer le développement harmonieux des territoires et le bien-être des populations». (Cristel Alvergne, 2008).

L’échec répété des politiques d’aménagement est le résultat d’une part de la volonté de l’Etat de mieux asseoir son pouvoir central et, d’autre part, du manque d’orientation des politiques publiques qui s’opéraient sans association des populations locales. Cela a abouti à des prises de conscience, individuelles et collectives qui constitueraient, de ce fait, un élan pour les décideurs dans la clef de leur politique d’aménagement. Désormais, l’Etat partage en matière d’aménagement du territoire la prérogative avec d’autres acteurs de développement notamment les collectivités locales. En d’autres termes, l’Etat n’a plus l’exclusivité des politiques de développement et n’est donc plus l’architecte unique du territoire. A cet effet, l’année 1972 voit la naissance de la réforme de l’administration territoriale et locale. En milieu rural l’introduction de la décentralisation se matérialise par la création de communautés rurales. Ainsi, dans les années 1990, les politiques de décentralisation ont favorisé la redéfinition des politiques d’aménagement du territoire dans le but d’apporter une réponse aux nombreuses incohérences territoriales. La deuxième phase de la décentralisation correspond alors à la mise en œuvre de la régionalisation en 1996. Cette étape marque le principe du transfert des neufs (9) domaines de compétences et non le transfert de ressources .

En 2012, sur l’initiative du Président de la République pour frayer un nouveau chemin dans la politique de décentralisation devant aboutir à un changement, est né ce qu’il est convenu d’appeler l’acte III de la décentralisation. L’objectif est d’asseoir des territoires viables et compétitifs, porteurs d’un développement durable. Cette nouvelle étape se caractérise par la suppression de la région en tant que collectivité décentralisée, l’érection de département en collectivité locale et la communalisation intégrale afin d’impulser des politiques de développement des territoires. Le développement territorial est une démarche à la fois endogène et ascendante qui prend en compte l’implication effective des populations à la base. Le développement du territoire ne peut être efficace que lorsqu’il prend en considération la valorisation des potentialités du territoire. Il se définit ainsi un objectif essentiellement tourné vers la quête de conditions susceptibles de rendre les territoires attractifs et compétitifs.

L’aménagement du territoire décline ainsi de nouveaux paradigmes : attirer les investissements et assainir les finances publiques en vue de répondre aux exigences des territoires en termes de développement par la responsabilisation des territoires.

A cet effet, la recherche de cohérence à travers une réflexion d’ensemble a décelé que la primauté du territoire est plus qu’intéressante dans la définition des objectifs de la décentralisation. Certes cette dernière reconnait les lois relatives à la compétence des collectivités locales sans donner au territoire sa véritable signification. En effet, les collectivités locales ainsi que d’autres acteurs doivent favoriser l’émergence de projets territorialisés par la mobilisation d’acteurs locaux jadis absents du dispositif d’aménagement du territoire. Ceci a pour finalité la transformation de l’espace et d’en faire un levier de développement économique et de cohésion sociale. Dès lors, «l’élaboration d’un plan de développement local implique en effet de franchir plusieurs étapes majeures : la collectivité doit parvenir à afficher un projet qui soit le résultat d’une volonté locale et d’une mise en cohérence des acteurs multiples du territoire». (Cristel Alvergne, 2008).

De ce fait, la stratégie adoptée pour un territoire doit satisfaire les attentes des citoyens et, donc répondre à des objectifs déclinés qui traduisent les nécessités propres au territoire. Il s’agit d’impulser une dynamique territoriale en mettant des acteurs (publics et privés) en réseau. «Il est nécessaire, en effet, en matière de développement territorial, de définir une stratégie, de savoir comment conduire un projet et mobiliser les moyens financiers et humains pour le mettre en œuvre» . La stratégie doit comporter un volet économique, social et spatial reposant sur un projet de développement qui constitue la clé de voute du développement territorial. Les projets doivent, ainsi, concerner tous les secteurs de l’activité productive : agriculture, élevage, commerce, pêche, artisanat, etc.

Il s’agit de coopérer des acteurs qui partagent des intérêts et des objectifs communs. En effet, «une coalition de projet ne peut exister sans objectifs communs et sans convergence minimale des intérêts»  . A cet égard, elle mobilise les acteurs locaux et assure une production de développement territorial dans la mesure où «le projet consiste à capter des ressources diverses et à les concentrer (…) un projet est une histoire que des acteurs se racontent ensemble». (Alain Bourdin in Beauchard J., 2003). Cela impose une flexibilité des différents acteurs pour aspirer à un développement économique et à un dynamisme social.

Analyse conceptuelle

Revue documentaire 

Dans le souci de mieux appréhender cette partie, il s’est révélé la nécessité de se rendre dans différentes structures de renseignement afin de mieux cerner les contours des thématiques qui composent notre objet de recherche. Pour ce faire, nous nous sommes intéressés au concept de développement et de développement du territoire. Dans son ouvrage intitulé : « les concepts de la géographie humaine », 1998, Antoine BAILLY nous renseigne sur les définitions des différents concepts de la géographie humaine qui nous a permis de mieux appréhender les concepts de territoire et de territorialité. Cependant, l’approche stratégique du développement territorial n’a pas été traitée qui constitue l’élément central de notre thème.

L’ouvrage de Guy DI MEO qui porte sur « Géographie sociale et territoires : pour mieux cerner les enjeux territoriaux contemporains: de la ville et du pays rural au monde des Etats-nations aux identités ethniques et régionales », 2001, nous a permis d’avoir une vue très large du concept de territoire malgré sa dimension sociale très marquée.

On note un glissement de l’aménagement du territoire au développement territorial dans l’ouvrage d’Irre MAZOT portant sur « Aménagement du territoire », 2000. Selon l’auteur, il ne s’agit plus de rééquilibrer les ressources naturelles mais de développer les potentialités de chaque territoire. Dans le même sillage, l’ouvrage titré « Aménagement du territoire », 2001, de Yves MADIOT et Renan Le MESTRE définit une approche de l’aménagement du territoire de l’Europe en général et de la France en particulier. L’auteur nous fait une description des grandes phases de l’aménagement du territoire. L’ouvrage nous offre certes une vue très large de l’aménagement du territoire mais ne traite pas pour autant l’aspect stratégique du développement territorial.

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Table des matières

INTRODUCTION
I. PROBLEMATIQUE
II. Objectifs et hypothèses de recherche
II.1. Objectifs
II.1.1. Objectif général
II.1.2. Objectifs spécifiques
II.2. Hypothèses de recherche
III. Analyse conceptuelle
1. Revue documentaire
2. Définition conceptuelle
IV. METHODOLOGIE
1. Revue de la littérature
2. La technique de collecte
3. L’enquête de terrain proprement dit
4. Le traitement et l’analyse des données
PREMIERE PARTIE : NDIAYÈNE PENDAO, UNE COMMUNE AUX POTENTIALITES NATURELLES IMMENSES
CHAPITRE I : PRESENTATION ET MILIEU PHYSIQUE DE LA ZONE
I. Présentation de la zone
A. Cadre historique
B. Localisation
II. MILIEU PHYSIQUE
A. Relief
B. Sols
C. Climat
D. Végétation
E. Hydrographie
CHAPITRE II : DONNEES DEMOGRAPHIQUES ET SOCIO-ECONOMIQUES
I. Données démographiques
II. Données socio-économiques
A. L’économie de la commune
1. L’agriculture
a. La culture irriguée
b. La culture de décrue
c. L’agriculture sous-pluie
2. L’élevage
3. Relation entre l’agriculture et l’élevage
4. Les activités secondaires
a. Le commerce
b. Le transport
c. La pêche artisanale
d. Le tourisme
e. L’artisanat
B. Accès aux services sociaux de base
1. L’approvisionnement disparate en eau potable
2. Les infrastructures sanitaires
3. L’éducation
DEUXIEME PARTIE : LES DIFFERENTS PROGRAMMES DE DEVELOPPEMENT DANS LA COMMUNE
CHAPITRE I : DYNAMIQUE DES ACTEURS
I. Les services déconcentrés
A. Les autorités administratives
1. La sous-préfecture
2. Les Eaux et Forêts
a. Organisation et réalisations
b. Difficultés
3. Le service d’élevage
a. Organisation et réalisations
b. Difficultés
c. Les partenaires techniques et financiers
B. Les services techniques
1. L’Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural (ANCAR)
a. Fonctionnement
b. Démarches
2. La Société Nationale d’Aménagement et d’Exploitation des Terres du Delta, du fleuve Sénégal et des Vallées du fleuve Sénégal et de la Falémé (SAED)
a. Organisation et réalisations
b. Difficultés
3. La Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal (CNCAS)
4. Le Centre de Gestion et d’Economie Rurale (CGER)
a. Fonctionnement
II. La mairie
A. Composition du conseil rural
B. Fonctionnement de l’administration municipale
III. Les différents partenaires au développement
A. Dans le domaine de l’agriculture
B. Dans le domaine de l’élevage
C. Dans le domaine de la santé
D. Dans le domaine de l’environnement
E. Dans le secteur routier à caractère social
IV. Dynamisme amorphe des OCB (GPF, ASC, APE, Associations locales)
A. Les GPF, une OCB plurielle
B. Les Associations Sportives et Culturelles (ASC)
C. Les Associations des Parents d’Elèves (APE)
D. Les Associations locales
CHAPITRE II : LES PROJETS TERRITORIAUX DE DEVELOPPEMENT
I. Les projets socio-économiques
II. Les projets environnementaux et routiers
A. Les projets environnementaux
B. Les projets routiers
TROISIEME PARTIE : LES STRATEGIES ET LES PRINCIPALES ENTRAVES AU DEVELOPPEMENT DU TERRITOIRE
CHAPITRE I : MISE EN OEUVRE DE STRATEGIES BASEES SUR UNE APPROCHE PARTICIPATIVE DES ACTEURS
I. Les stratégies de solidarité
A. La solidarité endogène
B. La solidarité par des jeux d’alliance
II. Les stratégies d’attractivité
A. La polarisation « hydro-agricole »
B. Le marché hebdomadaire: un espace attractif
III. Les stratégies de compétitivité
IV. La mise en place d’instruments solides de gestion de l’espace (POAS et SIF)
A. Le POAS
B. Le SIF
CHAPITRE II : LES PRINCIPALES ENTRAVES AU DEVELOPPEMENT TERRITORIAL
I. Une absence de vision stratégique unifiée
II. Une faiblesse budgétaire de la commune
III. Un faible niveau d’articulation du système de gouvernance territoriale
IV. Une inertie de certaines OCB
V. Une implication et une participation mitigées de la population locale dans les projets de développement du territoire
A. Une faible implication de la population
B. Une participation moyenne de la population
VI. Une batterie de problèmes de l’Agriculture
VII. Un difficile accès aux services sociaux de base
VIII. L’interférence de politiques politiciennes de certains acteurs au développement
CONCLUSION

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