Analyse des composantes socioéconomiques pertinentes de la zone d’étude

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Le code des aires protégées ou COAP

Toutes les aires protégées à Madagascar sont régies par la loi n°2001-005 du 11 février 2003 portant Code de Gestion des Aires Protégées à Madagascar et ses décrets d’application n°2005/013 du 11 janvier 2005 et du n°2005/848 du 13 décembre 2005.
Le COAP est un cadre normatif et légal propre aux aires protégées (AP). Il met en détail les grandes composantes et les typologies d’une AP, les principes essentiels de création, de modification et de gouvernance des AP, les statuts, les objectifs, et la gestion des AP, les droits et obligations des tiers y sont aussi mentionnées, ainsi que les dispositions pénales à l’encontre des infractions dans les AP.
Le COAP définit une aire protégée comme « un territoire délimité, terrestre, côtier ou marin, aquatique, dont les composantes représentent une valeur particulière notamment biologique, naturelle, esthétique, morphologique, historique, archéologique, cultuelle ou culturelle ; et qui nécessite une préservation contre tout effet de dégradation naturelle et toute intervention artificielle susceptible d’en altérer l’aspect, la composition et l’évolution. »
Ainsi, les conditions de la mise en protection d’un site en AP reposent sur sa richesse en biodiversité, ses valeurs particulières et sa vulnérabilité.
Avec l’avènement du SAPM, la refonte du COAP1 a établi le cadre légal pour la création d’une nouvelle génération des aires protégées.
A la différence des premières générations d’aires protégées créées et gérées par MNP (La réserve naturelle intégrale (RNI), le parc national (PN), et la réserve spéciale (RS)), les nouvelles catégories d’AP présentent des règles plus souples et se préoccupent davantage de l’aspect économique et social, tout en faisant de la conservation la base de toutes ses activités.

La situation actuelle des aires protégées à Madagascar

Depuis 1991, la gestion des aires protégées du pays a été confiée à MNP qui jusqu’en 2003 gère une superficie de 1,7 millions Ha. Depuis la déclaration de Durban et en guise de contribution à l’atteinte des 6 millions d’hectare, MNP a effectué une extension de 500.000Ha. Ce qui fait qu’actuellement, elle gère une superficie totale de 2,2 millions d’ha2.
Pour ce qui est des nouvelles générations d’AP ou NAP, 23 sites étalés sur 2.590.669 Ha sont actuellement mis en place et sont en attente de leur statut définitif ; si 2.658.253 ha de forêts sont déjà sécurisées par un arrêté de mise en protection temporaire et sont en cours de mise en place à travers tout Madagascar. (Source : DSAP, Etat des lieux jusqu’en 2008 – Mars 2010).
L’analyse de ces chiffres montre que 5.248.922 ha de NAP (soit 87%) sont réalisées jusqu’en 2008, bien qu’environ 2.6 millions d’hectare soient en cours de mise en place. L’objectif de 6 millions d’hectare est alors atteint, et le pays abrite actuellement 7.448.922 Ha d’aire protégée incluant celles qui sont gérées par MNP. Cela satisfait un grand nombre d’acteurs de l’environnement, mais des contestations s’observent aussi chez certains acteurs économiques.
Le croquis ci-après nous permet de spatialiser l’état actuel des aires protégées du pays. Les sites réservés à la production ou site de gestion forestière durable y sont aussi marqués.

Cadre juridique et justification de la mise en place du projet

Le projet NAPCAZ est le fruit de la mise en oeuvre de la politique du SAPM issue de la vision « Madagascar naturellement » et de l’accord de Durban de 2003.
La mise en place de la NAPCAZ est juridiquement justifiée par l’arrêté ministériel n° 20-021/2005-MINENVEF du 30 Décembre 2005 portant sa protection temporaire.
Le paysage CAZ est très étendu et est caractérisé par une diversité d’habitats favorables aux processus écologiques et environnementaux dans le biome Est de Madagascar. Il forme une grande partie de la colonne vertébrale de la forêt humide de l’orient.
Ainsi, la création de ladite aire protégée (AP) a eu lieu, afin de permettre et de garantir la connéctivité biologique entre les espèces et l’écosystème au niveau du massif forestier.
Mais la pression humaine très menaçante observée tant au niveau régional que local justifie aussi la mise en protection du site en vue d’une gestion durable des ressources.
En effet, le CAZ se trouve souvent associé à des paysages assez peuplés. Il est donc essentiel de mieux gérer l’interdépendance «Homme – Nature».

Objectifs et principes d’utilisation de la NAPCAZ

La NAPCAZ a été classée en une aire protégée de VI ème catégorie, reposant sur le statut d’une Réserve de Ressource Naturelle (RRN). Cette dernière est gérée principalement à des fins d’utilisation durable des écosystèmes naturels, qui à ce titre présentera le tiers au plus de sa superficie totale pour des activités d’utilisation durable des RN.
L’objectif global fixé dans le cadre de l’aménagement et la gestion de la réserve est le maintien de la biodiversité a son état actuel et l’amélioration du niveau de vie de la population locale à travers la gestion durable des ressources naturelles .
Ainsi, les principes d’utilisation de la NAPCAZ seront axés sur la conservation de la biodiversité, le maintien des services écologiques et l’utilisation durable des ressources naturelles. Les règles minimales d’utilisation2 reposent sur l’autorisation de prélèvement des ressources naturelles selon les prescriptions du plan d’aménagement et de gestion, l’évaluation de la durabilité de l’utilisation des ressources naturelles et des modes d’utilisation concernés , le respect des règles traditionnelles de gestion compatibles avec la durabilité des ressources , le maintien à l’état naturel d’au moins 2/3 de l’aire protégée , l’autorisation du tourisme respectueux de l’environnement , l’éligibilité des transferts de gestion locale ayant des composantes d’utilisation durable des ressources naturelles à condition que la conservation de la biodiversité reste l’objectif principal de la gestion, de préserver 2/3 au moins de la superficie transférée intacte et de démontrer leur conformité aux prescriptions d’utilisation durable des ressources naturelles dans les aires protégées , la prohibition de toute forme d’utilisation de feu et défrichement.

La gestion prévue pour la NAP CAZ

Selon la refonte du COAP, quatre grands types de gouvernance peuvent caractériser ses nouvelles catégories d’aire protégée. La gestion d’une AP peut être entreprise par le gouvernement, en gestion participative ou cogestion, aussi elle peut être privée, tout comme elle peut être communautaire. La cogestion est prévue pour la gouvernance de la NAPCAZ suite aux éventuels accords de gestion existant avant sa mise en place [cas des AP de MNP et du transfert de gestion des VOI]. En effet, le corridor est déjà pourvu de 4 Aires Protégées gérées par MNP. D’une superficie totale de 94.317 ha, elles présentent déjà la moitié de la zone proposée comme « Prioritaire pour la Conservation » ou noyau dur, et concentrent 22.31 % de la superficie totale de l’aire protégée en création. Quelques VOI participent déjà actuellement à la gestion d’une partie du CAZ suivant des accords de transfert de gestion3
Le croquis ci-après offre une spatialisation parfaite du rapport entre la superficie des nouvelles aires protégées avec celles qui sont précédemment créées et gérées par MNP.

Le CAZ, une richesse à la fois unique et pourtant menacée

La zone proposée pour la nouvelle aire protégée (NAP) renferme la majeure partie des vestiges de la forêt dense humide sempervirente de l’Est. Le corridor forestier présente un rôle écologique et un rôle de régulation (climat, humidité) importants. Parmi les principaux fleuves et rivières, Sahatandra et Ivohitra ont un rôle dans l’alimentation du central hydro-électrique d’Andekaleka, si Ivondro et Rianila font tourner celui de Volobe1.
Le CAZ abrite aussi des bassins versants qui garantissent la pérennisation des ressources hydrographiques pour la grande partie de la région Atsinanana et Analanjirofo.
Pourtant, le corridor forestier outre ces aspects, est caractérisé par une très forte dépendance de la population locale et régionale vis-à-vis des ressources naturelles. En effet, la culture de la population riveraine de l’AP est liée aux ressources forestières que ce soit en matière première pour la vannerie, soit en matériaux de construction, que pour les plantes médicinales. La pratique de rituels est encore loin d’être délaissée par la population qui éprouve encore un attachement à ces pratiques formant leur propre identité. Certaines de ces valeurs culturelles contribuent de manière significative à la conservation des ressources naturelles, mais certaines pratiques culturelles sont aussi défavorables à l’environnement, notamment le « Teviala2 ».
Les recherches effectuées au niveau du site montrent qu’un nombre important d’espèce endémique y sont menacés, suite à la dégradation de leurs habitats en plus des activités de braconnages qui se font encore dans la zone3. Aussi nombreuses espèces font l’objet d’un commerce intensif ; les lémuriens et les batraciens en sont les plus ciblés, et les reptiles aussi (Uroplatus sp. Furcifer sp, Phelsuma sp, Paroedura masobe). La collecte intensive dictée par le niveau multiscalaire de la demande constitue donc une autre menace considérable.
Enfin, la recherche de pierres précieuses et industrielles des sous sol et l’exploitation aurifère existent et se font de manière illicite au sein du corridor forestier.

Histoire du peuplement de Didy et sa relation avec la forêt

D’après CHARBONNIER, les premiers arrivants dans la forêt et la plaine de Didy étaient des chasseurs Betsimisaraka venant de l’Est, durant le 15e siècle. Ils sont venus en nombre croissant dans cette région au cour des deux siècles suivants, et avaient établi leur campement à l’intérieur de la forêt en pratiquant la pêche, la chasse, et la cueillette de diverses plantes comestibles et médicinales. Des migrants Bezanozano venant du nord de Moramanga se sont ensuite installés dans la plaine et dans une partie de la forêt vers 1700, en introduisant le riz pluvial après défrichement dans la région. Les premiers « tavy ancestraux » datent sans doute de cette époque. Les Sihanaka arrivèrent dans la cuvette de Didy entre 1700 et 1750 et y introduit le riz irrigué. La période entre 1700 et 1780 était dominée par un grand nombre de conflits et d’alliances inter-ethniques, mais la situation était assez calme après 1750 ; et le brassage inter-ethnique a surtout lieu entre les Sihanaka et les Bezanozano qui habitaient la plaine.
Depuis l’occupation permanente de la plaine, la forêt était une zone de migration saisonnière accueillant la chasse, la pêche et la cueillette en période de soudure, et servait surtout de parc à boeuf2.Quand les descendants se multipliaient, les « Ray aman-dreny » ont décidé de délimiter la forêt à partir d’un accord mutuel entre eux, aboutissant à un zonage traditionnel de la forêt et a donné naissance aux « kijanan-drazana3 ». Un kijana appartient à un lignage et le premier kijana forestier avait été créé par un lignage issu du mariage entre les membres de puissants clans Sihanaka et Bezanozano (CHARBONNIER, 1998). Le chef de kijana ou « loholona » fixe les règles régissant l’accès et l’exploitation de diverses ressources pour les membres de son lignage/segment de lignage et pour les autres acteurs de la communauté. (CHARBONNIER, 1998). La mise en place d’une telle structure, même à caractère léger devant la loi marque déjà l’initiative de protection et montre l’importance de la forêt pour la population. Le système a été reconduit de génération en génération et est respecté par les descendants actuels.

Du système de kijana traditionnel au transfert de gestion des ressources forestières et à son intégration dans la NAPCAZ

La forêt est départagée en kijana selon les règles traditionnelles, et à chaque kijana correspond un lignage et un chef de kijana qui fixe les règles régissant l’accès et l’utilisation de diverses ressources par les membres de son lignage et pour les autres acteurs de la communauté.
La première exploitation forestière apparaît en 1950 malgré l’enclavement de la région (CHARBONNIER, 1998) ; la forêt de Didy a eu son arrêté de classement1 en octobre 1962, lui attribuant son appellation « forêt d’Ambohilero ». Plus tard, le système Etatique visant à octroyer des permis d’exploitation de gré à gré parvenait à effondrer les règlements sociaux d’accès aux ressources et a affaibli les institutions traditionnelles. En effet, les exploitants forestiers venaient surtout d’Ambatondrazaka et d’Antananarivo, et ne pensaient qu’à leurs propres intérêts sans aucun souci de durabilité des ressources, ni des régimes socioculturels associés. La population locale propriétaire coutumière des kijana était ignorée et ne profitait en rien de cette exploitation, même les bûcherons venaient d’ Antananarivo (Andramasina). Devant les techniques de coupes utilisées, et l’installation permanente des bûcherons dans la forêt qui ont abusé des produits forestiers, les ressources forestières et la valeur culturelle de la forêt n’ont cessé de se dégrader. La faiblesse du service forestier disposant de trop peu d’agents de terrain, et la non responsabilité en matière de sylviculture des exploitants forestiers ont stimulé la pression étrangère sur la forêt arrivant jusqu’au développement de l’exploitation illicite dans la zone. L’état des lieux était vraiment déplorable selon les enquêtés.
Persuadé que la principale cause de la dégradation provient de la mise à l’écart des populations locales, Madagascar s’est engagé depuis le début des années 90 dans une vaste politique environnementale qui engage la participation effective des communautés locales de base dans la gestion des ressources naturelles renouvelables. Ainsi, la population locale de Didy avec leurs chefs de kijana respectifs ont fait une demande sur papier pour le transfert de gestion de la forêt déjà départagée en kijana.

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Table des matières

Iere Partie : LE XXIème SIÈCLE : DÉBUT D’EXTENSION SPATIALE DES AIRES PROTEGEES MALGACHES
Chapitre I : Le SAPM, un système intégrant la trilogie « Environnement-population-développement. »
Chapitre II : La NAPCAZ , témoin de la mise en oeuvre du SAPM
Chapitre III : La forêt d’Ambohilero- Didy, une unité à grande valeur dans la NAPCAZ
IIeme Partie : L’ORGANISATION DE L’ESPACE GÉOGRAPHIQUE DE LA COMMUNE DE DIDY
Chapitre IV : La zone d’étude dans son état actuel
Chapitre V : Analyse des composantes socioéconomiques pertinentes de la zone d’étude
IIIeme Partie : LES CHANGEMENTS INDUITS PAR LA NAPCAZ DIDY
Chapitre VI : Rétrospective de la gestion forestière de Didy durant le transfert de gestion
Chapitre VII : Les Principaux impacts de la NAPCAZ dans la commune rurale de Didy
Chapitre VIII : Perspective d’avenir pour le développement durable de la commune de Didy
CONCLUSION

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