ANALYSE DE L’IMPACT DE LA SECHERESSE SUR L’EVOLUTION DES PLUIES JOURNALIERES

Les Hautes Pressions Tropicales

   La circulation atmosphérique dans la zone intertropicale est commandée par la double ceinture des Hautes Pressions. Dans l’hémisphère Nord se manifeste la cellule anticyclonique permanente de l’Atlantique Nord, dite anticyclone des Açores axé en moyenne sur 25° N en hiver et au-delà de 30° N en été boréal. Puis en été la cellule saharo-libyenne est remplacée par la dépression saharienne d’origine thermique. En fin dans l’hémisphère Sud se trouve l’anticyclone de Sainte-Hélène centrée en moyenne sur 20° S en janvier et vers le 15° S en juillet- aout. Le caractère thermique et dynamique de ces Hautes Pressions Tropicales résulte de l’association de deux processus, l’un faisant intervenir le substratum et l’autre la circulation générale. L’influence du facteur thermique dépend de la nature du substratum. Lorsque le substratum est chaud, il empêche l’établissement en surface des Hautes Pressions Tropicales qui se retrouvent en altitude. Selon LEROUX (1983), le facteur dynamique résulte du fait que les Hautes Pressions Tropicales sont formées par les mouvements subsidents. Ces courants étant permanents, les ceintures anticycloniques sont à leurs tours permanentes mais leur puissance varie selon les saisons.

Les Basses Pressions Intertropicales

   La zone des basses pressions intertropicales(BPI) est l’espace compris entre les ceintures anticycloniques tropicales boréale et australe, au cœur duquel se rejoignent les flux issus de ces centres d’action (LEROUX, 1974). Ainsi, elles possèdent des caractères relatifs, thermiques et dynamiques. Le facteur relatif relève du faible creusement moyen. Le facteur thermique favorise l’ascension des particules dont l’intensité se manifeste davantage sur les continents. Quant au facteur dynamique, il fait intervenir la circulation générale. En effet, les mouvements qu’elle impulse amènent en leur sein la rencontre des flux issus des HPT; la transformation des mouvements horizontaux en mouvements verticaux contribue à entretenir leur caractère dépressionnaires (LEROUX, 1983). L’étude faite par (LEROUX, 1983) permet de comprendre que la circulation dans le domaine tropical s’effectue des Hautes Pressions Tropicales vers les Basses Pressions Intertropicales dont l’axe est constitué par l’Equateur Météorologique. Cet axe peut se décaler par rapport à l’Equateur géographique. Ce décalage de l’Equateur Météorologique induit dans le domaine tropical deux types de circulations qui lui sont spécifiques : la circulation de l’alizé et de la mousson. La distinction fondamentale entre ces deux flux concerne leurs trajectoires : l’alizé est à dominance un vent d’est et ne traverse pas l’Equateur géographique, la mousson par contre est un flux qui naît dans un hémisphère météorologique, mais à la différence de l’alizé, franchit l’Equateur géographique pour évoluer dans l’hémisphère opposé.

La mousson

   La mousson n’est rien d’autre qu’un flux d’alizé qui traverse l’Equateur géographique en direction de l’Equateur Météorologique pour intégrer la circulation de l’autre hémisphère. Elle provient de l’alizé issu de l’anticyclone de Sainte- Hélène dans l’hémisphère sud (atlantique sud). En raison de ses caractères thermiques et hygrométriques qui lui sont propres, la mousson se différencie de l’alizé. Elle est la continuité de ce dernier qui, en traversant l’Equateur géographique, est dévié par la force de Coriolis. De direction dominante sud à ouest, la mousson du fait de son parcours maritime dispose d’un grand potentiel d’eau précipitable et humide. La variation de cette dernière est fonction de l’Equateur Météorologique et de ses structures. Généralement peu épais en Afrique de l’Ouest, son épaisseur dépasse rarement 5000 m. Au Sénégal la mousson ne dépasse pas 2000 m (SAGNA, 2005). Elle se caractérise donc par des accélérations et des ralentissements de sa vitesse. Mais sa principale caractéristique demeure son humidité et son instabilité. C’est un porteur d’eau précipitable. Mais, il est nécessaire de montrer qu’elle n’apporte pas la pluie, mais le potentiel précipitable qui peut déclencher des précipitations. Ces dernières se manifestent lors du passage des lignes de grains durant la remontée de l’Equateur Météorologique vertical (EMV) et des manifestations de perturbations cycloniques (GUEYE, 2005). La mousson s’installe au Sénégal en période estivale (hivernage) et selon SAGNA (2000), elle pénètre au Sénégal à partir du mois d’avril (au sud-est du Sénégal) et s’étend progressivement jusqu’en juillet-aout (figure 2). La mousson se caractérise par une faible amplitude thermique mais avec des températures généralement plus élevées que celles de l’alizé maritime. En direction de l’intérieur du pays (sud vers le nord), la mousson se réchauffe et s’assèche c’est qui fait que nous enregistrons les plus forts totaux pluviométriques au sud du pays

Les conditions pluviogéniques

   Les précipitations ouest africaines de manière générale sont liées à la présence de la mousson en été boréal. Ces précipitations dépendent de plusieurs facteurs :
– L’existence ou non d’un potentiel précipitable en quantité suffisante pour déclencher une perturbation ;
– Un facteur pouvant déclencher l’ascendance indispensable à la  pluviogenèse (liés à la genèse des lignes de grains) ;
– Et en fin une structure aérologique favorable aux ascendances définissant les types de précipitations et leur répartition spatiale.
La première condition selon NDIONE, (1998) est satisfaite par les apports hydriques de la mousson Atlantique et les dernières s’articulent au tour d’une part de la genèse des lignes de grains et d’autre part sur les formations nuageuses denses d’orientation zonale (Zone Intertropicale de Convergence). Ces trois conditions sont indispensables à la pluviogenèse en Afrique de l’ouest en général et au Sénégal en particulier. La répartition des précipitations au Sénégal, suivant la migration de l’Equateur météorologique, permet de distinguer plusieurs zones pluviométriques d’importance inégale. Ces zones ont fait l’objet de plusieurs études dont LEROUX (1983) et SAGNA (1988) qui ont proposé un découpage en trois zones pluviométriques :
– d’abord la zone située au nord de l’Equateur Météorologique correspondant à la celle des alizés boréaux. Cette zone est non pluvieuse du fait qu’elle soit balayé par les alizés maritimes ;
– ensuite une zone sous la structure inclinée de l’Equateur Météorologique(E.M.I).
Dans cette partie le ciel est peu nuageux et les précipitations rencontrées sont essentiellement orageuses liées aux lignes de grains ;
– en fin la troisième partie correspond à la structure Z.I.C de l’Equateur Météorologique. Dans cette zone le ciel se caractérise par des formations nuageuses très denses avec des pluies continues (mousson) et abondantes.
Ces zones permettent avec leur déplacement en altitude de déterminer les saisons, les zones pluviométriques, les types de précipitations. La diversité de situations qui se déclenchent en Afrique de l’ouest justifie également la diversité des origines des perturbations pluvieuses (NDIONE, 1998). Ainsi, en fonction de ces zones pluviométriques nous retrouvons trois types de précipitations au Sénégal :
– les précipitations liées aux invasions polaires (pluies de « heug » ou de « mangues ») ;
– les précipitations liées aux lignes de grains (précipitations pluvio orageuses) ;
– les précipitations continues.

La durée de la saison pluvieuse

   Le déplacement saisonnier de l’Equateur Météorologique détermine deux saisons contrastées en Afrique de l’ouest. Ainsi, le Sénégal est alternativement soumis à ces deux saisons de durée inégale selon les régions. En été boréal l’Equateur aborde le pays dans sa partie sud-est qui coïncide avec l’arrivée de la mousson marquant le début de la saison pluvieuse. Nous notons sa présence à partir du mois de mai ou juin et elle envahit progressivement le pays du sud vers le nord. Nous retenons dans l’analyse faite par BA (2006) que pour déterminer la durée de l’hivernage, les principaux critères sont l’arrivée et le retrait de la mousson sur le pays. Actuellement ces périodes varient d’une année à l’autre et d’une région à l’autre. C’est ainsi qu’elle devient précoce et tardive au sud avec cinq à six mois pluvieux. En Haute Casamance, SANE (2003), fait savoir quelle reçoit ses premiers pluies dans le courant des mois de mai ou de juin selon les années. La saison des pluies prend fin en octobre et elle n’excède pas 120 jours actuellement. L’hivernage dure 120 jours à Kolda et 113 jours à Vélingara selon toujours les résultats de SANE (2003). Au sud-est par exemple où le pays enregistre ses premières et dernières pluies, la durée de cette saison est plus longue que dans les autres régions. Ce qui nous renvoie à l’explication de KONATE (2000), pour qui à la station de Kédougou la durée de la saison pluvieuse est au moins 170 jours. Par contre dans le Bassin Arachidier SARR (2007), explique que les précipitations sont réparties sur trois à quatre mois, allant de juin à octobre ; mais elle peut débuter en mai ou juin. La tendance actuelle est un décalage d’un mois (pour le début) et une diminution d’un mois pour la durée, soit trois à quatre mois de pluies. Au nord elle est beaucoup plus courte avec une moyenne de 75 jours à Louga, Podor, Matam (DIOP M, 1996). Les régions sud et sud-est qui sont les premières et dernières à être balayées par l’Equateur Météorologique, ont une longue saison des pluies et constituent les régions les plus arrosées du Sénégal. C’est justement dans ces parties sud que nous observons les totaux les plus élevés. En raison de cette variabilité spatiale de la durée de la saison pluvieuse et des totaux de précipitations annuelles nous distinguons plusieurs domaines climatiques au Sénégal.

CONCLUSION GENERALE

   Ce travail d’étude et de recherche a pour objectif, de caractériser l’impact de la sécheresse sur les pluies journalière en essayant de voir quel est le paramètre des pluies journalière qui a le plus varié dans le temps. Les données utilisées sont les données qui proviennent de quinze (15) stations synoptiques. Le choix de ces stations obéit à deux critères :
 la disponibilité des données
 la faiblesse des lacunes dans les séries journalières
Après avoir choisies les stations, une critique des données nous a permis de supprimer les années lacunaires. Ce qui fait que l’ensemble des stations ne couvre pas les mêmes périodes d’observation. Après cette phase, une méthodologie a été mise en place. Elle consiste à répartir le total annuel en trois fractions :
P 1 : somme des précipitations journalières comprises entre 0 et 20 mm
P 2 : somme des précipitations journalières comprises entre 20 et 40 mm
P 3 : somme de précipitations journalières supérieures à 40 mm.
Ensuite, nous avons calculé les paramètres statistiques que sont la Moyenne, l’Ecart type et le Coefficient de Variations de ces différentes fractions pluviométriques journalières. Cette méthodologie utilisée permet de mettre en évidence l’impact de la sécheresse sur les précipitations journalière en recherchant quels sont les paramètres qui ont varié de façon significative dans le temps. Une corrélation des différentes fractions pluviométriques journalières avec le total annuel permet de voir quelle est la fraction qui explique la variation de la pluviométrie annuelle. Les résultats obtenus sur la base de cette méthodologie sont synthétisées dans ce qui suit. L’analyse des fractions pluviométriques montre que P1 varie faiblement avec des cœfficients de variation qui varient globalement entre 0,17 (Kédougou) à 0,38 (Thiès). Les valeurs élevées sont notées à Thiès (0,38), Dakar (0,35) et Saint-Louis (0,35). Ces faibles valeurs des coefficients de variation de P1 montrent sa constance et sa stabilité dans le temps. D’une manière générale, les coefficients de variation de P2 sont plus élevés par rapport à P1. Ils se situent entre 0,24 à 0,58 et les plus élevés sont notés au niveau de la station de Dakar et SaintLouis avec respectivement 0,58 et 0,56 ensuite à Louga et à Matam avec 0,55. Ce qui signifie que P2 varie plus que P1 dans le temps. Les plus grosses valeurs des coefficients de variation sont obtenues avec la fraction P3 avec des coefficients de variation comprise entre 0,46 (Ziguinchor) et 1,02 (Saint-Louis). C’est donc ces fortes pluies qui ont fortement varié dans le temps. Force est de constater que les stations du sud du pays se singularisent par la faiblesse de leurs coefficients de variation. Il s’agit de la station de Ziguinchor (0,46), Kolda (0,51) et Kédougou (0,51). Cela signifie, que dans cette zone, il y a une bonne présence de ces grosses pluies par rapport au reste du pays. En somme, l’analyse de la variation des fractions pluviométriques permet de constater qu’elles évoluent de façon indépendante. P1 et P2 varient faiblement. Par contre P3 varie beaucoup plus avec des coefficients de variation plus élevé. Ainsi, une tendance à la diminution du cumul des pluies supérieures à 40 mm (qui sont considérées comme les grosses pluies) semble se dessiner à partir des années de sécheresse. Une analyse des relations entre les pluies annuelles et les différentes fractions pluviomètriques à savoir P1, P2 et P3 permet de constater que les valeurs les plus importantes des coefficients de corrélation entre les pluies annuelles et les fractions pluviomètriques sont obtenues avec la fraction P3. Ainsi, cette fraction P3, à elle seule, explique en moyenne pour l’ensemble des stations plus de 60 % de la variation de la pluviométrie annuelle.

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Table des matières

Introduction Générale
Première Partie : Les mécanismes climatiques au Sénégal
Chapitre 1: Le cadre aérologique de la circulation au Sénégal
Chapitre 2: Les Précipitations
Deuxième Partie : Présentation des données de l’étude et de la méthodologie appliquée
Chapitre 1 : Le réseau pluviométrique du Sénégal
Troisième Partie : Analyse des fractions pluviométriques
Chapitre 1 : Evolution des fractions pluviométriques journalières
CHAPITRE 2 : Corrélation entre fractions pluviométriques et pluie annuelle
CONCLUSION GENERALE

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