ANALYSE DE L’ETHOS DES PERSONNAGES DANS SOUS L’ORAGE DE SEYDOU BADIAN

L’auteur

   Seydou Badian, de son nom complet Seydou Badian Kouyaté est un écrivain africain de nationalité malienne. Né en 1928, il fait partie de ces écrivains maliens de la première génération. Dans sa vie, il a effectivement connu le passage du monde traditionnel au monde moderne. Ainsi dans la plupart de ses ouvrages, il traite du déracinement, de l’acculturation… Médecin formé en France, il est ministre dans son pays de 1962 à 1968. Par son opposition au gouvernement mise en place en ces années, il s’exile au Sénégal. Il fut l’un des fervents écrivains de la littérature négro- africain d’expression française. Son combat pour la valorisation de la culture noire est très manifeste. Il apparait dans son œuvre Sous l’orage comme un donneur de leçon à son peuple car dans cette œuvre, il a cherché à montrer aux africains sur le comment faire pour allier les deux cultures puisque, pour lui, les africains ne pourront plus faire marche arrière avec cette influence du monde occidental. Le mieux, pour l’africain, est de chercher une solution pour conserver sa culture en acceptant les nouvelles réalités: la modernité. Ce passage nous rappelle Senghor qui parlait du « rendez-vous du donner et du recevoir ». Dans ce dit roman, il montre la grandeur du peuple africain qui a su rester le même malgré tous les problèmes qui se sont survenus. Après l’accession de son pays à l’indépendance et beaucoup d’autres pays africains, il retrouve un vent d’espoir. Quelques années plus tard, déçu par la gestion de ces nouveaux dirigeants de ces nouveaux états, il publie des œuvres dans lesquelles il critique ces derniers. Nous listons La mort de Chaka à titre d’exemple. Ces autres publications sont les suivantes: La mort de Chaka (1961 – avec Sous l’orage), Les dirigeants africains face à leurs peuples (1964) ; Le sang des masques (1976) ; Noces sacrées. Il est mort le 29 décembre 2018 à Bamako.

Le discours

   Dans une première approche, on peut considérer le discours comme toute production orale ou écrite assumée par un locuteur. Chez Austin, le discours est perçu comme une forme d’action exécutée par un locuteur dans une situation de communication. C’est en ce sens qu’il conçoit le discours comme interactif du fait de son orientation mais aussi par le simple fait qu’il est conçu en fonction d’une visée. On s’aperçoit à partir de là que le discours est une sorte d’action qu’un locuteur assure. Donc, ici, il n’est pas considéré comme un système ou langue au sens de Saussure. En terme plus clair, le discours « est une activité d’un sujet inscrit dans les contextes déterminés produisant des énoncés d’un autre ordre que celui de phrase ». Fallou Mbow (Cours M1, 2017)12. Ainsi selon Benveniste, le discours est le résultat d’une énonciation. Il le définit dans son ouvrage intitulé Problème de la linguistique générale (1966) en ces termes suivants: C’est la langue en tant qu’assumée par l’homme qui parle dans la condition d’intersubjectivité qui seul rend possible la communication linguistique. A la suite de cette définition de Benveniste, nous définissons le discours comme une pratique sociale qui s’adapte à son genre. Partant de cette définition, nous visons l’aspect genre du discours. Nous l’inscrivons dans cette dynamique du simple fait que tout discours repose sur un genre qui constitue son domaine de reconnaissance. Maingueneau, dans son œuvre, Analyse des textes de communication, attribue au discours plusieurs sortes de définitions que nous avons résumées de la manière suivante: le discours est une forme d’actions au-delà de la phrase régit par les normes et assumé par un locuteur qui l’oriente. Et pour les genres de discours, il les considère comme des « dispositifs de communication qui ne peuvent apparaitre que si certaines conditions socio-historiques sont réunies ». Donc, on comprend par là que pour lui, parler du genre repose sur l’existence de certains éléments qui permettent de distinguer un texte à un autre. Prenons l’exemple de notre corpus, nous avons précédemment indiqué qu’il s’agit d’un discours littéraire du fait de la composition du texte: narrateur, histoire racontée et personnages. C’est ainsi que nous assistons à une multiplicité des discours: discours littéraire, discours politique, discours religieux… C’est pourquoi Maingueneau parlant sur le discours confirme cette multiplicité de types de discours en affirmant que toute activité de parole relève d’un genre de discours. De ce fait, il considère qu’il existe « deux grandes sortes de genres de discours » que sont: les « genres institués et genres conversationnels ». De ces grands genres sont nés d’autres variétés de genres, c’est-à- dire que nous avons dans chaque grand genre, des genres de discours qui se reconnaissent à travers leur scénographie. En outre, tout discours est un « interdiscours ». C’est-à-dire que chaque discours se forme sous l’angle de plusieurs autres discours. En effet, il s’agit de l’ensemble des valeurs partagées sur lesquelles chaque discours prend source. Le discours à toujours besoin de prendre naissance sur d’autres discours. Cependant, l’auditoire même participe à la construction du discours du locuteur. Cela est accrédité par les propos suivants: Si l’on considère un discours particulier on peut (…) appeler interdiscours l’ensemble des unités discursives avec lesquelles il entre en relation. Selon le type de relation interdiscursive que l’on privilégie il pourra s’agir de discours cités, des discours antérieurs du même genre, des discours contemporains d’autres genres, etc. (Maingueneau in Ruth Amossy; 2016, 125). Dans le cadre de notre sujet et celui du domaine dans lequel nous nous inscrivons, nous définissons le discours comme une production orale ou écrite qui s’inscrit dans un genre. Pour rester dans le but de notre sujet, nous allons dans les lignes suivantes monter ce que c’est le discours narratif.

Le discours narratif

   En terme plus simple la narration est une façon de raconter des faits qui se déroulent dans la successivité et qui sont reliés entre eux par une logique les situant dans le temps. Cette narration des faits se fait dans un lieu et dans un temps donné. C’est pourquoi Aliou Ngoné Seck et Momar Cissé l’appréhendent en ces termes: Le discours narratif représente un ou des événement(s) réel(s) ou fictif(s) se déroulant dans la successivité et reliés entre eux par une logique temporelle. (1998, p53) Le discours narratif se définit par son instance narrative: le narrateur. Il est une histoire réelle ou fictive racontée par un narrateur. Ce narrateur peut s’exprimer à la première ou à la troisième personne, selon qu’il est impliqué ou non dans l’histoire qu’il raconte. En s’exprimant à la troisième personne, il raconte l’histoire de différentes manières: les focalisations. Nous allons nous contenter tout simplement de les énumérer: focalisation externe, interne, zéro ou par variations de focalisation. Ceci étant dit, le discours narratif décrit une succession des faits qui s’enchainent dans l’histoire tout en respectant la succession des évènements. Il est en grande partie dépendant à la fois des évènements qu’il raconte et du narrateur de ces évènements. Les verbes de mouvements et d’action renseignent sur la progression de l’histoire, à laquelle participent plusieurs personnages. Il arrive dès fois que le récit ne suit pas la trame de l’histoire. Dans ce cas, le narrateur fait ce qu’on appelle l’analepse, c’est-à-dire le retour en arrière pour rappeler au lecteur certaines pages qui lui permettront de bien comprendre le déroulement des évènements. Ces évènements ou faits présentés par la voix du narrateur sont maintenant appelés récit. Le narrateur peut procéder à une anticipation de certaines parties de l’histoire, il peut au cours de sa narration utiliser plusieurs techniques en variant les types de son texte. C’est pourquoi nous assistons souvent à un mélange de texte: texte descriptif, argumentatif et narratif. Dans une narration ; l’évènement se fait selon un schéma narratif dans lequel nous pouvons classer les différentes actions. Le récit peut contenir une seule ou une suite de transformations. En ce qui concerne notre corpus, le récit est constitué d’un seul schéma narratif. Le narrateur s’est limité à un récit qui s’est évolué du début jusqu’à la fin. Il faut noter qu’aujourd’hui avec l’analyse du discours toutes les productions faisant appelle à une narration sont appelés discours littéraire. Donc, à partir de ce moment, nous pouvons affirmer sans risque de se tromper que tout discours narratif est aussi un discours littéraire. Le narrateur en racontant une histoire fait un discours, il est partout présent dans n’importe quel texte littéraire. C’est pourquoi tous les textes littéraires constituent le discours littéraire. Cela se justifie par le simple fait que selon Maingueneau, suivant le principe de l’analyse du discours, « tout texte relève d’une catégorie de discours, d’un genre de discours ». (ibid)

L’ethos dans la tradition aristotélicienne

   L’ethos, pour la rhétorique antique, se définit comme une image de soi que l’orateur montre dans son discours pour le rendre plus efficace. C’est-à-dire dans cette optique là, l’orateur cherche à exercer une influence sur son auditoire. Les rhétoriciens comme Aristote considèrent l’ethos comme faisant partie d’une « trilogie » constituant des moyens de persuasion ou de preuves permettant de rendre le discours plus persuasif. Cette trilogie est constituée par: l’ethos, le pathos et le logos. C’est à travers cette trilogie que l’orateur cherche à atteindre sa cible. Donc, il s’agit pour l’orateur de monter sa personnalité pour faire tout simplement une « bonne impression ». C’est pourquoi Roland Barthes cité par Maingueneau dans son ouvrage, Analyser les textes de communication affirmait: Ce sont les traits de caractère que l’orateur doit montrer à l’auditoire, peu importe sa sincérité, pour faire bonne impression (…). L’orateur annonce une information et en même temps il dit : je suis ceci, je ne suis pas cela. (2014, p. 88-89) Puis il résume les propos de Barthes en ces termes: « L’efficacité de cet ethos tient donc au fait qu’il enveloppe en quelque sorte l’énonciation sans être explicité dans l’énoncé ». (in Maingueneau; 2014, p89) Pour lui, cette efficacité doit se faire dans le discours parce que l’ethos est lié à l’énonciation même et n’est pas un savoir qui se place au-delà du locuteur: On persuade par le caractère quand le discours est de nature à rendre l’orateur digne de foi (…) Mais il faut que cette confiance soit l’effet du discours, non d’une prévention sur le caractère de l’orateur. (Roland Barthes in Maingueneau, 2002, p90) L’ethos au sens d’Aristote peut être réduit en deux dimensions: la première dimension se base sur l’honnêteté qui donne de la crédibilité au discours de l’orateur et la deuxième dimension est le contenu du message. Dans sa thèse, soutenue en 2015 et intitulé Ethos discursif et construction des rapports intersubjectifs dans les professions de foi des élections présidentielles de 2007 et de 2012, Ali Alsafar revient de manière très explicite sur les deux mentions de l’ethos constituées par Aristote et affirme: La dimension morale « epieikeia » ou honnêteté joue un rôle important dans la construction de l’ethos, puisque selon Aristote, plus on se montre honnête dans le discours, plus on est crédible.Mais encore faut-il que les thèmes et le style choisis soient appropriés à l’ethos de l’orateur. (2015, p14) Ainsi, nous retenons que l’ethos selon la tradition aristotélicienne est très important pour susciterl’intérêt du public. Donc, les deux dimensions doivent être forcément assumées par l’orateur. Partant de ce constat, Egg cité par Alsafar dans sa thèse affirme: La dimension morale et la dimension stratégique ou objective de l’ethos sont inséparables, car même si l’ethos a un sens moral, cette moralité ne naît pas d’un produit en procédant par des choix compétents, délibérés et appropriés. Cette moralité, bref l’ethos en tant que preuve rhétorique, est donc procédural. (ibidem)

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1 CONSIDERATIONS GENERALES ET METHODOLOGIE
1) Problématique
a) La question de recherche
b) Revue de littérature
c) Objectifs
d) Hypothèses
2- Méthodologie
a) Cadre définitoire
b) Corpus : Présentation et justification du choix du corpus
b-1) L’auteur
b-2) L’œuvre
b-3) Temps, Chronologie et espace
c) Justification du choix du corpus
d) Démarche
Conclusion du chapitre 1
CHAPITRE 2 : LE CADRE CONCEPTUEL
1) Le discours
2) Le discours narratif
3) Le contexte
4) Le roman
5) Le roman de mœurs
6) Le roman de contestation
7) Les personnages
Conclusion du chapitre 2
CHAPITRE 3 : QUELQUES THEORIES DE BASE DE L’ANALYSE DU DISCOURS
1) La linguistique
2) L’analyse textuelle
3) La pragmatique
4) L’énonciation
Conclusion du chapitre 3
CHAPITRE 4 LA NOTION D’ETHOS
1) L’ethos dans la rhétorique
2) L’ethos dans la tradition aristotélicienne
3) Ethos selon Isocrate
4) L’ethos dans l’argumentation
5) L’ethos dans l’analyse du discours
6) Ethos prédiscursif et ethos discursif
a) L’ethos prédiscursif
b) L’ethos discursif
7) Ethos et roman
Conclusion du chapitre 4
CHAPITRE 5 : ANALYSE DE L’ETHOS DES PERSONNAGES
1) Manifestation des différents types d’ethos
2) L’ethos dit et l’ethos montré
3) Ethos de tradition
4) L’ethos de modernité
5) Analyse comparative
6) Les marques linguistiques de construction de l’ethos
Conclusion du chapitre 5
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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