Aménagement et valorisation – faire évoluer les choses

Aménagement et valorisation – faire évoluer les choses

Dans le cadre du master II « Science de l’information et des Bibliothèques » de l’Université d’Angers, les élèves doivent effectuer un stage de 16 semaines dans une bibliothèque ou un centre de documentation afin de se professionnaliser et mettre en pratiques les enseignements dispensés au premier semestre. Ayant obtenu le concours de bibliothécaire territorial en octobre 2017, j’ai souhaité effectuer mon stage dans un établissement de lecture publique et ai donc postulé en ce sens.

C’est dans ce contexte que j’ai reçu la proposition de stage de la médiathèque Toussaint à Angers. L’équipe du pôle fictions, langues et littératures cherchait en effet un stagiaire pour une mission de réaménagement de l’espace et de valorisation des collections. Cette mission se déclinait en deux phases : une phase d’observation et d’évaluation de l’espace et des valorisations puis une phase de proposition de scenarii et d’actions. Ce qui m’a tout de suite intéressée dans cette proposition c’est la volonté des responsables du pôle et du réseau adulte de mettre en place une démarche d’expérience utilisateur. L’UX design tient en effet une place importante dans mon parcours professionnel puisque j’avais participé à une journée d’étude de l’ABF Rhône Alpes en novembre 2016 sur ce sujet. De plus, mes cours de master et ma veille professionnelle avaient achevé de me convaincre de l’intérêt d’une telle démarche. J’avais donc à cœur de mettre en pratique mes connaissances à ce sujet. Par ailleurs, ayant obtenu un concours de catégorie A, je souhaitais que mon stage comporte une dimension managériale importante afin de gagner en expérience dans ce domaine. Or la mission proposée par la médiathèque Toussaint comportait ce volet puisqu’il s’agissait d’inclure l’équipe du pôle dans la démarche et de prendre en compte la charge de travail de chacun dans l’établissement des propositions de réaménagement et de valorisation des collections. Enfin, j’aspirais dans la mesure du possible à effectuer mon stage dans une structure me permettant de m’interroger sur la notion de réseau.

J’ai donc été ravie que ma candidature soit acceptée et ai effectué mon stage au pôle fictions, langues, et littératures de la médiathèque Toussaint du 20 février au 9 juin 2018. Pendant ces quatre mois, je me suis attachée à définir des méthodes d’évaluation de l’espace et des valorisations des collections afin de proposer des projets de réaménagement prenant en compte à la fois les besoins de l’équipe et ceux des publics ; l’objectif étant que ces propositions soient utiles, utilisables et désirables pour tous et par tous.

Ce rapport, après avoir présenté la médiathèque Toussaint, montrera quelles ont été les réflexions, les méthodes et les réalisations menées pour répondre aux enjeux de la mission de réaménagement du rez-dechaussée de la médiathèque ainsi qu’à la mission de valorisation des collections. Enfin, je parlerai des missions quotidiennes auxquelles j’ai pu participer.

Présentation de la structure d’accueil

Angers et son territoire

Présentation de l’agglomération angevine
La ville d’Angers fait aujourd’hui partie de la Communauté urbaine d’Angers Loire métropole qui regroupe 31 communes pour 292 700 habitants. Anciennement appelée « Angers agglomération », la communauté d’agglomération a été créée en 2001 par transformation du district créé en 1968, et ce n’est qu’en 2016 qu’elle est transformée en communauté urbaine. La métropole angevine exerce des compétences dans les cinq domaines suivants :
– L’économie
– L’environnement
– Les solidarités
– Le territoire
– Les déplacements
Au sein de cette communauté urbaine, la ville d’Angers compte 151 520 habitants ce qui en fait la 18e ville de France . 47 % de cette population a moins de 30 ans ce qui est vraisemblablement lié au fait qu’Angers est une ville étudiante qui compte pas moins de 2 universités et 14 grandes écoles. Angers est en effet la cinquième ville la plus étudiante de France si l’on tient compte du ratio entre le nombre d’étudiants et la population globale de la ville.

Angers est souvent qualifiée de « ville où il fait bon vivre », certes du fait de la fameuse « douceur angevine », mais surtout parce que la ville est en tête des palmarès l’Express 2014 et 2015 pour sa qualité de vie . En 2018 elle reste dans le trio de tête derrière Rennes et Limoges .

D’un point de vue territorial, la ville s’organise autour de 10 quartiers. Un grand centre ville où habite 21% de la population angevine et qui recouvre différents quartiers autour de l’hypercentre historique puis neuf autres quartiers qui gravitent autour de ce centre.
– Quartier Ney-Chalouère
– Quartier Justices / Madeleine / Saint-Léonard
– Quartier de la Roseraie
– Quartier Monplaisir
– Quartier Deux-Croix / Banchais
– Quartier Doutre / Saint-Jacques / Nazareth
– Quartier des Hauts-de-Saint-Aubin
– Quartier Belle-Beille
– Quartier du Lac de Maine

La culture à Angers
Comme le souligne les cinq compétences exercées par Angers Loire métropole, la ville d’Angers a gardé sa compétence culturelle qui n’est donc pas gérée par l’agglomération. Première des grandes villes où il fait bon vivre, la Ville d’Angers est dotée d’une importante richesse culturelle et patrimoniale. Elle dispose en effet d’importants sites touristiques et héberge plusieurs festivals. En terme de structures, on y trouve de nombreux établissements culturels :
– 5 musées
– 8 salles de spectacles, théâtre, musique et danse
– 2 cinémas
– 9 bibliothèques (une bibliothèque centrale et huit bibliothèques de quartier) La ville héberge également un certain nombre d‘évènements culturels dont le festival international Premiers Plans et les Accroches Cœur. Elle est aussi partenaire du Festival d’Anjou, deuxième festival de théâtre en France.

Le budget de la ville montre un investissement important pour la culture puisque la part la plus importante de son budget d’investissement revient aux politiques liées à l’éducation, au sport et à la culture.

Les médiathèques d’Angers 

Contexte historique : une Bibliothèque municipale classée
La bibliothèque d’Angers nait des confiscations révolutionnaires. En 1789, un décret du 2 novembre ordonne en effet la mise « à disposition de la nation » de tous les biens du clergé, y compris les bibliothèques. Or, Angers abrite à l’époque un nombre important d’institutions religieuses. Ce décret transforme ainsi les bibliothèques du séminaire, de la cathédrale, de la faculté de théologie, des abbayes Toussaint, Saint-Aubin,Saint-Serge, Saint-Nicolas, de la Haye aux bonshommes, des couvents des Cordeliers, de la Baumette, des Jacobins, des Augustins, des Capucins, des Carmes, de l’Oratoire et de la Mission en propriété d’État.

Ces collections subiront de nombreuses détériorations du fait de leurs nombreux déménagements. Si en 1791, la ville demande l’autorisation de créer une bibliothèque publique à partir des bibliothèques des communautés religieuses, cette demande n’aboutit pas. Ce n’est qu’en 1798, grâce à la loi du 25 octobre 1795 qui ordonne la création d’une école centrale – ancêtre des lycées – avec obligation d’y adjoindre une bibliothèque, que va ouvrir la première bibliothèque publique d’Angers. Elle sera appelée « bibliothèque nationale » (du fait de ses collections constituées de livres appartenant à la nation) et installée à l’évêché dans la grande salle synodale qui forme une salle de lecture de 20 mètres sur 10 ainsi que dans cinq chambres attenantes. En 1802, l’évêque Monseigneur Montault s’installe à Angers et la ville doit, conformément au Concordat, lui rendre l’évêché. A force d’insistance et de lettres au préfet, l’évêque parviendra à récupérer ce dernier en totalité et la bibliothèque devra donc déménager dans le logis Barrault en 1804 – elle ne rouvrira au public que le 22 novembre 1805. Elle finira par être installée dans une grande salle de lecture de 37 mètres sur 8 et y restera de 1848 à 1978. L’installation de la bibliothèque au sein du logis Barrault n’est pas sans poser de problème: les collections souffrent d’un manque de place criant et la cohabitation avec le musée, le lycée et l’université ne se fait pas sans heurts. C’est pendant cette période, en 1897, que la bibliothèque municipale fut classée par décret ministériel comme 34 autres bibliothèques municipales de province en raison de la richesse de leurs fonds issus des confiscations révolutionnaires.

Parallèlement, se développe un réseau de bibliothèques populaires. La première est créée en 1865 mais c’est en 1871 qu’est inaugurée la première bibliothèque populaire créée par la municipalité et installée dans l’hôtel Pincé. Dès 1878, le prêt à domicile est institué et rencontre un franc succès. Néanmoins, il n’est pas encore question de libre accès des collections.

A la fin des années 1960, la publication du rapport du groupe interministériel sur la lecture publique, créé en 1966 à la demande de Georges Pompidou et présidé par Étienne Dennery, propose un état des lieux très critique sur la situation des bibliothèques publiques ainsi qu’un recueil de préconisations-propositions. Ce rapport fut le « levier du développement des bibliothèques municipales » . La prise de conscience du développement des bibliothèques publiques – qui coïncide avec le développement du libre accès – et la volonté de la ville de reconquérir l’espace de l’ancienne abbaye Toussaint qui tombe en ruine accompagnent la décision de transférer la bibliothèque municipale rue Toussaint, sur le site de l’ancienne abbaye fondée au XIe siècle.

Le nouveau bâtiment s’inscrit dans le mouvement de développement de la lecture publiques des années 70 en intégrant le principe de plusieurs salles de lecture proposant un maximum de documents en libre accès. Au total, la nouvelle médiathèque s’étend sur 6200 m² dont 3000 ouverts au public. L’ancien site de l’abbaye comporte plusieurs contraintes dont celles de construire un bâtiment en hauteur et de faire le choix de matériaux et de formes non concurrentiels avec la partie ancienne. Finalement le nouveau bâtiment s’appuiera sur le principe du cube et proposera quatre façades presque toutes vitrées. Il se déploie sur 5 niveaux dont 2 en sous-sol pour les collections en magasins. Les étages sont ouverts en équerre vers l’est ce qui permet de voir la partie la plus attractive du bâtiment – le jardin – depuis tous les points de la médiathèque. Dans la partie ancienne, on trouvera au rez-de-chaussée un espace d’exposition, une salle de conférence au premier et enfin la réserve des cartes et estampes au second. La construction dans son ensemble associe deux éléments :
– La rue, un axe actif mais qui reste distant de la médiathèque grâce à une allée ;
– Le jardin des Beaux-Arts, un lieu calme que les façades vitrées permettent de contempler depuis presque tous les points de la médiathèque.
La médiathèque Toussaint se présente donc comme un ensemble transparent dans un environnement où le végétal tient une place importante – et qui reste aujourd’hui l’un des atouts de l’établissement. Depuis les années 1970 et la construction de la nouvelle médiathèque, celle-ci – de même que le réseau – n’a cessé de se transformer au gré des évolutions de la ville et de la lecture publique.

La médiathèque Toussaint aujourd’hui
Aujourd’hui, la médiathèque Toussaint est la bibliothèque centrale du réseau des bibliothèques angevines. Mais elle est aussi, comme nous l’avons vu, une bibliothèque municipale classée et la médiathèque de proximité du quartier du centre-ville. Par ailleurs, parce qu’elle attire des usagers hors Angers (15% d’inscrits Angers Loire Métropole hors Angers et 13% d’inscrits hors Angers Loire Métropole), elle joue un rôle de grande médiathèque centrale au-delà des limites de la ville.

Déroulement du stage

Réaménager l’espace et valoriser les collections du pôle fiction langue et littérature: objet et mission de stage 

Poursuivre une démarche globale d’amélioration de l’offre
La médiathèque Toussaint s’inscrit dans une démarche globale d’amélioration de son offre et a, dans cette optique, mené plusieurs chantiers récents :
– 2015-2016 : le projet « Emploi Formation ». Ce chantier s’appuie sur une entrée utilisateurs puisqu’il regroupe dans un espace « scénographié » des documents pratiques et récents sur une entrée thématique. En parallèle un gros travail de désherbage a été effectué en rez-de-jardin. Dans la même dynamique on peut ajouter la mise en place de fonds parentalité appelé « BEABA » au sein de l’espace jeunesse.
– Fin 2015-début 2016 : travail sur l’amélioration de la signalétique des pôles du rez-de chaussée, rezde-jardin et 1er étage.
– 2016-2017 : travail de réaménagement du 1er étage. Espace le plus sollicité par les séjourneurs, l’espace a bénéficié d’un changement des assises, d’un gros travail de désherbage ainsi que d’une réorganisation et d’une valorisation du fonds de bandes dessinées. Un travail sur la présentation des périodiques a également été réalisé.

Chacun de ces chantiers a pour objectif d’améliorer l’expérience utilisateur et répond ainsi au changement de paradigme des bibliothèques qui, d’espace de collections, sont devenues des espaces de sociabilité. La mission de réaménagement du pôle fictions, langues et littératures et la valorisation de ses collections s’inscrit dans cette dynamique. Mais l’objectif était également d’aller plus loin en faisant de ce projet un laboratoire permettant la mise en place de méthodes simples relevant du design UX et pouvant être mises en place sur l’ensemble du réseau.

Par ailleurs, sur le plan de la valorisation, le pôle fictions langues et littératures a une volonté forte de mettre en place de nouvelles pratiques. L’équipe de la médiathèque a pu bénéficier en décembre 2017 d’une formation sur les coups de cœur qui avait fait naitre auprès des agents l’envie de concrétiser cette forme de sélection. Véronique ADDE et Stéphanie AUBRON qui sont responsables du pôle ont travaillé en 2017 sur la valorisation en achetant un certain nombre de présentoirs et en proposant plusieurs tablettes de facing dans les romans ainsi que pour la sélection Cézam et les romans Passerelle. Elles avaient aussi une envie forte de tester la mise en place de coups de cœur en envisageant que ceux-ci soient participatifs, c’est-à-dire en donnant aux usagers la possibilité de partager eux-mêmes leurs avis sur les livres qu’ils ont aimés.

Conclusion

Ces quatre mois de stage se sont révélés intenses. Faire partie d’une équipe et d’un projet a été pour moi une expérience très riche et je tire une grande satisfaction d’avoir pu voir se réaliser certains des scenarii proposés pour le réaménagement et la valorisation. J’espère vivement que l’équipe du pôle poursuivra dans cette dynamique et mènera à bien les beaux projets que nous avons élaborés ensemble pour le pôle fictions langues et littératures.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
1. Présentation de la structure d’accueil
1.1. Angers et son territoire
1.1.1. Présentation de l’agglomération angevine
1.1.2. La culture à Angers
1.2. Les médiathèques d’Angers
1.2.1. Contexte historique : une Bibliothèque municipale classée
1.2.2. Les médiathèques d’Angers aujourd’hui – un réseau
1.2.3. La médiathèque Toussaint aujourd’hui
1.2.4. Le pôle fiction langue et littérature
2. Déroulement du stage
2.1. Réaménager l’espace et valoriser les collections du pôle fiction langue et littérature : objet et
mission de stage
2.1.1. Poursuivre une démarche globale d’amélioration de l’offre
2.1.2. Mettre en place une démarche d’UX design
a) Qu’est-ce que l’UX design ?
b) Pourquoi mettre en place une telle démarche ?
c) Mettre en place une démarche d’UX design à Toussaint – changer l’approche d’une équipe.
2.2. Faire un état des lieux de l’existant – mener l’enquête au pôle fictions, langues et littératures
2.2.1. Les enjeux de l’enquête
2.2.2. Enquêter – quels outils, quelles démarches ?
2.2.3. Enquêter au Pôle fictions, langues et littératures – choix et démarche
a) Focus groupes – recueillir le point de vue des professionnels
b) Entretiens et questionnaire flash – recueillir le point de vue des publics
c) Carnet de bord et grille de comptage – observer les usages
d) Séance encombrement – diagnostiquer un espace
2.2.4. Conclusion de l’enquête – Rendre compte et pérenniser une méthode
a) Quelles ont été les conclusions de l’enquête ?
b) De l’importance de rendre compte
c) Pérenniser une méthode : création d’une boite à outils
2.3. Aménagement et valorisation – faire évoluer les choses
2.3.1. Méthodes – Comment se projeter ?
2.3.2. En mode projet : visualiser, planifier, concrétiser
2.3.3. Quels sont les projets retenus ?
a) Projets de valorisation
b) Améliorer la circulation – villes jumelles et pôles romans et romans policiers
c) Pôle langues
d) Pôle littératures et Théâtre-Poésie-Humour-Nouvelles
e) Pôle grands caractères livres audio
f) Pôle services
2.4. Bilan de la mission de réaménagement et de valorisation des collections du pôle Fictions
langues et littératures.
3. Autres apports du stage – missions secondaires
3.1. Accueillir tous les publics
3.1.1. Accueillir à la médiathèque Toussaint
3.1.2. Maison d’arrêt – publics empêchés
3.2. Action culturelle
3.2.1. Rencontres d’auteur
3.2.2. Café littéraire
3.2.3. Prix Cezam
3.3. Acquisitions et conseils
3.3.1. Participer aux offices
3.3.2. Répondre aux attentes des usagers – savoir conseiller
CONCLUSION

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *