Aléas de l’insertion professionnelle

Aléas de l’insertion professionnelle

Depuis 2010, en France, les jeunes sages-femmes subissent des difficultés d’insertion professionnelle ; l’arrivée dans le monde du travail est marquée par une précarité grandissante et une hausse du taux de chômage [1].

Cette fragilité de l’emploi pourrait être expliquée par le fait que le numerus clausus ait été fortement relevé. En effet, il est passé de 663 places à 1000 places de 1998 à 2005 [2] et depuis il s’est stabilisé [3]. Cela a eu pour conséquence d’accroître fortement l’effectif des sages-femmes [1] ; depuis 20 ans leur nombre d’actives en France a augmenté de plus de 70% [4] et il devrait poursuivre cette évolution en progressant de 25% entre 2014 et 2030 [5]. Cependant, cette tendance est bien supérieure à l’accroissement de la population prise en charge par les sagesfemmes ; le nombre de naissance a progressé de 10% [4] et le nombre de femmes en âge de procréer (de 15 à 49 ans) a baissé de 3% Dans les Pays de la Loire, le nombre de sages-femmes était en hausse de 3,8% entre 2011 et 2015, tandis que le nombre de naissances diminuait de 1,3% par an entre 2010 et 2014 .

Néanmoins la profession connaît une profonde mutation ; même si l’exercice salarié continue d’être en légère croissance, le secteur libéral soutient aujourd’hui majoritairement la création d’emplois . En effet, l’effectif des sages-femmes libérales augmente de 9,9% par an depuis 2009 [2] et en 2030 une sage-femme sur trois exercerait en libéral [5].

Le but de l’étude était d’analyser le vécu des sages-femmes formées à l’Université d’Angers sur leurs premières années d’exercice professionnel. L’hypothèse posée était que les difficultés d’insertion professionnelle étaient liées au surnombre de sages-femmes en activité. L’objectif de cette étude qualitative était de repérer les difficultés rencontrées par les jeunes sages-femmes lors de leur insertion professionnelle. L’Université d’Angers, à laquelle est rattachée l’école de sage-femme, a effectué en 2017 deux enquêtes quantitatives sur l’insertion professionnelle des sages-femmes . Il semblait intéressant d’avoir également un aperçu qualitatif de ce phénomène .

Matériel et méthode

Objectif de l’étude

L’objectif de cette étude qualitative était de repérer les difficultés rencontrées par les jeunes sages-femmes lors de leur insertion professionnelle.

Schéma d’étude

Il s’agissait d’une étude qualitative constituée de 12 entretiens semi-directifs réalisés auprès de jeunes sages-femmes diplômées .

Matériel 

La population source était constituée de jeunes sages-femmes diplômées de l’école d’Angers en 2014, 2015 et 2016. Les personnes inclues dans l’étude devaient avoir travaillé au moins 6 mois en tant que sage-femme. Une personne a donc été exclue car elle s’est réorientée en faculté de médecine à l’issue de deux mois de diplôme de maïeutique. La demande d’entretien a été effectuée par mail . La sélection des volontaires a été réalisée de façon à recruter 12 sages-femmes ayant des situations professionnelles les plus diverses possible. La population cible s’étend aux sages-femmes diplômées depuis 2014 en France.

Méthode

Trois entretiens exploratoires ont été réalisés du 5 au 30 septembre 2017, ils ont permis d’affiner la grille d’entretien utilisée pour guider les entrevues . Les 9 autres entretiens ont eu lieu du 10 octobre 2017 au 5 décembre 2017. Cinq entretiens ont été réalisés en face-à-face et 7 par téléphone, selon les possibilités organisationnelles des sages-femmes et de l’interviewer. Ils ont été enregistrés par dictaphone et intégralement retranscrits sur un logiciel de traitement de texte. L’analyse du verbatim a été réalisée en repérant dans les discours les sujets récurrents et en les classant par thèmes. Pour garantir l’anonymat des sages-femmes interrogées un prénom fictif leur a été attribué, les noms des villes ont également été remplacés par des lettres. Le neuvième verbatim a été placé en annexe .

Résultats

Caractéristiques de l’échantillon

Le diagramme suivant présente la façon dont les sages-femmes ont été recrutées. L’effet « boule de neige » consiste à demander aux personnes interrogées d’indiquer d’autres personnes correspondant aux critères de recrutement de l’étude.

Données recueillies

Aléas de l’insertion professionnelle
Enjeux de la précarité professionnelle sur la vie privée
Etat d’incertitude des jeunes sages-femmes
L’incertitude quant à l’avenir professionnel dans un établissement peut générer du stress et des difficultés organisationnelles. Ces sages-femmes expriment l’anxiété qui les animait causée par la courte durée des contrats qu’elles avaient signés et le doute sur d’éventuels renouvellements : Delphine – « Je suis revenue pour un mois et après j’avais des contrats de deux semaines, donc c’est vrai que c’était encore moins visible, c’était beaucoup plus compliqué. », Hortense – « Ca reste précaire c’est-à-dire que c’est assez dans l’indécision. », « Est-ce qu’on cherche ailleurs finalement ? Comme c’est précaire… Ou est-ce qu’on insiste quand même ? Comme le poste me plaisait, j’insistais et puis je ne regrette pas aujourd’hui d’avoir insisté mais ça peut aussi créer de la démotivation… On aimerait que ça soit un peu plus clair sur l’avenir. », Julie – « Les CDD, pour s’organiser c’est pas simple et puis ça met quand même un stress. Au final, on a du boulot mais on a toujours le stress sur les épaules de se dire “eh bien, il est pas fixe ce boulot”, enfin ça reste un petit peu latent et quand se rapproche la fin du contrat, la recherche… C’est toujours un peu angoissant de vivre dans le flou, de pas savoir où je serai dans 2 mois, si ça se trouve il va falloir trouver un logement à perpette. Après, moi, je l’ai toujours bien vécu parce que mon conjoint est en CDI, donc ça assure quand même, j’ai des parents qui habitent dans le coin, et qui peuvent, même si j’aurai du mal à aller les voir, être là pour assumer s’il y a besoin. », « Quand on sait qu’on arrive à la fin de notre contrat et qu’il faut chercher, on n’y va jamais de gaité de cœur, puisqu’on sait jamais si on va trouver, si on va trouver ce qui nous convient… et ça demande pas mal d’investissement.», Emma – « Pour moi, le fait d’être en CDD me rend plus vulnérable, je sais que je suis sur un poste instable surtout les premiers mois. ».

Lorsqu’un renouvellement est envisagé, il est souvent annoncé officiellement peu de temps avant le début du contrat : Fanny – « C’est assez stressant au début de ne pas savoir ce que tu vas devenir dans un mois parce que quand ils te disent que tu es prolongée, ils le font 15 jours avant. », Hortense – « C’était variable… c’était du off, la hiérarchie me le disait un peu avant, alors te dire combien de temps avant… en général elle me laissait entendre que de toute façon je resterais. », Delphine – « Je pouvais savoir par des bruits de couloir que potentiellement j’allais être prolongée parce que j’étais sur des arrêts et je savais que les arrêts allaient être prolongés. ».

Certaines situations sont très précaires : Katia (en clinique) – « J’ai dû signer je crois 53 CDD quelque chose comme ça. On a eu des contrats à la garde, quand c’était des congés maternité c’était des contrats plus longs mais voilà ça dépendait des besoins ! La cadre nous projetait quand même sur trois mois en disant qu’elle avait besoin et on avait des avenants ou les contrats le jour même qui devaient être signés. », Louise – « Au début j’étais à la clinique privée de Y, c’était des contrats à la garde. » ; elle a vécu cette situation durant 18 mois, et même si elle connaissait son planning 15 jours à un mois et demi à l’avance, l’incertitude était présente.

Conséquences organisationnelles sur la vie quotidienne
Des sages-femmes interrogées ont ciblé leur recherche d’emploi dans des secteurs où elles avaient une possibilité de se loger facilement, chez des amis ou de la famille par exemple. En effet, il peut être compliqué de trouver un logement à louer rapidement pour une courte période. Inès vit difficilement le fait de ne pas avoir d’appartement : « J’ai eu la chance à chaque fois de trouver des postes proches de ma famille ou d’amis de mes parents. », « Je fonctionne comme ça parce que trouver un appartement quand t’as un contrat de deux-trois mois, c’est compliqué. », « Ca fait quand même depuis que je suis diplômée que je n’ai plus d’appartement, je n’ai plus de chez moi en fait. », « Parfois ça me pèse… là j’ai toutes mes affaires de mon appartement dans un garde-meuble, et je me balade dans ma voiture, j’ai ce qui faut pour vivre dans un appartement meublé mais j’ai trop hâte d’avoir mon espace. ». Louise a établi un secteur de recherche autour de son lieu d’habitation : « Il y a toujours l’histoire du logement, réussir à te loger quand tu sais que le préavis est de trois mois… c’est un peu chaud. C’est pour ça que j’ai fait le choix de toujours habiter à X et de faire la route pour éviter de changer de logement. ». Mais faute d’emploi dans le secteur, elle a travaillé deux mois à distance de son logement: « Quand j’enchainais deux gardes, je restais sur Z. Quand j’avais trois jours de repos, je retournais chez moi  Je pouvais pas me permettre de prendre deux locations , j’ai utilisé mon cercle familial et amical pour pouvoir être hébergée », « Tu vas un peu en camping chez les gens ! ».

D’autres sages-femmes ont rencontré moins de difficultés : Emma – « J’ai trouvé des logements sans problème, par contre, j’ai eu la chance d’avoir un propriétaire très compréhensif en ce qui concerne les délais de préavis de départ… parce que mes contrats ont parfois été renouvelés au tout dernier moment. Une seule fois j’avais donné un préavis de départ et je me suis rétractée. », Delphine ayant une heure et quart de trajet de la clinique à chez elle, pouvait dormir dans le service après une garde de nuit : « La clinique me proposait, si les capacités d’accueil le permettaient, de dormir sur place. ».

L’incertitude quant à l’avenir professionnel dans une ville a un impact sur la vie personnelle : il est plus difficile de développer des relations sociales, cela génère un repli sur soi : Inès – « Ce n’est pas simple quand tu arrives dans une ville de se dire “de toute façon je suis de passage”. Donc au niveau investissement, création de relations ou même vie associative… tu te projettes beaucoup moins, tu te dis tout le temps : “de toute façon je vais repartir.” », « Tu as du mal à t’investir dans la ville. », Julie – « C’est plutôt une question de projet qui est compliquée, l’année dernière je n’ai pas pu m’engager dans du sport, je n’ai pas pu m’engager dans une association, enfin, tous mes engagements à côté sont pas trop possibles parce qu’on sait pas trop si on va rester dans la ville. ». Le manque de visibilité dans l’emploi du temps empêchait Louise d’organiser sa vie personnelle : « Je savais le planning le 15 du mois pour le mois d’après, donc ça c’était un peu short en fait », « c’est un peu contraignant. ».

En ce qui concerne les dates de congés annuels, il est difficile de conclure des accords à l’amiable entre employeur et contractuel. Les jeunes sages-femmes sont donc souvent privées de vacances. Les dates de congés sont souvent imposées : Julie – « Je ne vais pas me permettre certaines demandes, je vais pas avoir la liberté de poser mes congés annuels quand je veux, il y a plein de liberté qu’on n’a pas quoi ! », « L’hôpital a pour principe de ne pas payer les congés donc en fait, ils nous les posent avant la fin de nos CDD, ça élimine nos CA au fur et à mesure de nos CDD donc on peut très difficilement associer deux-trois semaines d’affilée. », « Quand on a des CDD de deux mois, on a cotisé pour deux mois de CA donc ça nous fait une petite semaine mais voilà, mon conjoint n’a pas forcément de vacances à ce moment-là. », « C’est difficile : j’ai eu 10 jours d’affilée cette année, et c’est tout, après j’ai eu des CA posés par-ci par-là, mais en restant chez soi c’est pas des vacances à proprement parler. », Inès – « Tu as deux jours de congés par mois, à X tu ne peux pas les poser toi-même. Elles te les posent arbitrairement. Donc en fait tu te retrouves avec des plages parfois où tu ne bosses pas parce que ça t’a été imposé, donc comme tu ne l’as pas choisi tu n’as pas pu t’organiser… te mettre d’accord avec ton copain ou avec ta famille … donc après, suivant l’équipe, l’échange est possible mais quand tu es là depuis quelques temps… », « Mais je sais que dans plein d’endroits c’est comme ça, tu es en CDD, tu bouches les trous et puis tu fais ce qu’on te demande. ». Pour Katia aussi, le plus compliqué en étant en CDD était « de pas avoir de vacances, de ne pas pouvoir partir en vacances avec mon conjoint parce que les vacances on pouvait les poser que sur des contrats longs donc de plus de 6 mois, sinon il fallait qu’on s’arrange avec des collègues, on pouvait faire quelques changements de gardes pour avoir une semaine. Et la fatigue en fait. Parce qu’au début on le vit super bien, on est juste diplômée, on a plein d’énergie …, puis les nuits sont de plus en plus difficiles à gérer. La troisième année j’étais fatiguée et j’avais juste besoin d’avoir des temps de pause parce que physiquement, on a beau être jeune, ça commence à tirer un peu. »

Enjeux de la précarité professionnelle sur le bien-être au travail
Grande adaptabilité sollicitée à chaque nouvel emploi
Les établissements ne prévoient pas toujours de temps d’adaptation pour les sages femmes nouvellement arrivées : Emma – « Je n’ai pas eu de mal à m’adapter mais par contre, j’ai eu besoin de m’investir personnellement en venant découvrir ma nouvelle maternité sur mon temps libre parce qu’il n’y avait pas de doublure envisagée à mon arrivée. », Inès – « Quand tu arrives en tant que nouvelle y’en a certaines qui ont conscience que c’est pas simple et qu’il y a plein de trucs qu’il faut t’expliquer, et d’autres qui ne se rendent même pas compte que ça peut être complètement différent. ».

De nombreuses sages-femmes interrogées ont eu des difficultés à s’adapter à l’organisation des maternités qu’elles ne connaissaient pas : Inès – « Ca a été très dur de s’adapter à… nouveaux locaux, nouvelle équipe et puis une nouvelle organisation parce qu’on était vraiment moins nombreuses et puis au niveau matériel de ne pas avoir les monitorings retransmis… », « Il y a des réflexes qu’on a pas, parce que malgré tout il y a pleins de choses, des protocoles, des habitudes, des réflexes que moi je n’avais pas quoi, ou que j’avais et qu’elles ne faisaient pas… », Fanny – « Les premiers 6 mois après le diplôme, c’est assez compliqué, c’est assez stressant de se réhabituer à d’autres équipes, nouveaux médecins, les premiers mois de sage-femme c’est pas ce qu’il y a de plus serein. Mais le stress diminue avec le temps on va dire (rires). », Louise – « Tu sais qu’il faut vraiment que tu fasses gaffe enfin… par exemple, j’appelle, ou je n’appelle pas le médecin ?… Et puis si j’appelle est-ce qu’il va m’engueuler parce que je l’ai appelé trop vite, trop tôt ? Tu te poses toujours ces questions quand tu arrives dans l’équipe. ». Certaines sages-femmes ont trouvé compliqué le fait de devoir s’adapter à certains protocoles, de plus elles n’osaient pas discuter avec le médecin des prises en charge qu’elles désapprouvaient en raison de l’instabilité de leur statut : Louise – « Des fois, tu n’es pas forcément d’accord avec les gens  ça m’est déjà arrivé de ne pas être forcément d’accord avec la conduite à tenir du médecin, eh ben je lui disais pas, même si c’est toujours le médecin qui a je dirais la parole finale, ça vaut le coup de part notre profession, de dialoguer et de discuter, donc avant j’osais pas … quand tu es remplaçante, fraîchement arrivée… tu sais très bien que si tu te mets du monde à dos tu peux dégager rapidement de la ligne de remplaçante quoi ! », Emma – « J’ai eu besoin de prendre sur moi pour accepter les protocoles ou habitudes de service de mon nouvel établissement que je ne trouvais pas cohérentes avec ce que j’avais reçu comme notions pendant ma formation. ».

Inès a fait le choix de changer de maternité car elle craignait de s’ancrer dans le fonctionnement du l’établissement : « Je me suis dit à la fin des 6 mois “si je ne pars pas maintenant, je ne partirai pas. C’est-à-dire que si je reste encore un an à X, je vais être dans un cocon et je vais avoir de plus en plus peur de me dire : là je me lance, je vais aller dans une maternité que je connais pas et je vais me réadapter.” ».

Importante flexibilité requise
Les sages-femmes ont parfois besoin de cumuler deux emplois pour avoir un temps plein. Hortense a été remplaçante dans un cabinet de sages-femmes libérales et a travaillé parallèlement en hospitalier : « C’était un peu chaud des fois. Mais ça passait (rires) je faisais des jours donc ça allait à peu près. », « Ca n’a pas duré très très longtemps donc c’était gérable. ». Delphine a travaillé pendant un mois dans deux villes différentes, le plus difficile a été la différence entre les pratiques des deux établissements : « J’ai réussi à m’adapter mais heureusement que ça n’a pas duré très longtemps parce que les deux pratiques étaient vraiment très très différentes surtout entre déjà clinique et hospitalier c’est très différent. », « A la clinique c’est plus médecin-dépendant alors qu’au CH c’est protocolisé donc c’est plus simple. ». Ses plannings étaient adaptés : « La clinique était un peu plus réticente que le CH mais le CH a vraiment fait en fonction du planning que j’avais à la clinique pour adapter le sien. Ca me faisait des plannings assez bizarres quand même mais ça se faisait. ».

Des postes en tant qu’intérimaires sont à pouvoir mais ils demandent une grande capacité d’adaptation : Inès – « Ce que je refuse de faire c’est l’intérim. Il y a beaucoup, beaucoup de demandes, surtout en région parisienne et tu peux être appelée à un coin de Paris, à l’autre coin de Paris, une garde par-ci, par-là, et du coup, tu dois t’adapter tout de suite, et j’ai eu des témoignages de filles qui l’ont déjà fait et il faut vraiment avoir confiance en soi et pas avoir peur de se prendre un procès parce que ne pas connaitre l’équipe, ne pas connaitre le matériel, tu te mets vraiment… mais bon, c’est formateur aussi. ».

Forte pression au travail
Certaines sages-femmes interrogées disent ressentir une forte pression personnelle et de la part de leur hiérarchie, majorée par leur statut précaire : Delphine – « On voit bien quand on travaille, que quand on est contractuelle ou quand on est titulaire on va beaucoup plus tout vérifier, se dire “si je fais ça comme ça, est-ce qu’on va me le reprocher ?”, quand il y a quelque chose qui se passe mal, même si c’est pas de notre faute parce que forcément on a des fois des situations qui se passent mal, on va quand même beaucoup plus se poser de questions et dire on va peut être nous reprocher quelque chose qu’on ne reprocherait pas à une titulaire parce que de toute façon ça peut arriver. », « Parfois les cadres, quand tu fais une petite erreur ou un oubli vont… Moi ça ne m’est pas arrivé parce que je pense que je n’ai pas fait trop d’erreurs… Je pense qu’elles apprécient à peu près comment je travaille, et je m’investis, j’ai repris énormément de gardes, j’ai changé plein de fois mon emploi du temps pour les aider, donc je pense que déjà ça aide aussi. Mais si elles ont envie de mettre la pression sur une contractuelle elles ne s’en empêcheront pas. », Julie : « C’est pas toujours évident à la maternité de X d’autant plus étant jeune arrivée et jeune diplômée on a tendance a beaucoup regarder ce que je fais et à me tomber dessus plus ou moins vite, donc c’est vrai que prendre des libertés, quand on se rend compte que l’on n’a pas encore totalement fait ses preuves vis-à-vis de l’équipe encadrante, et des collègues c’est pas le plus évident. », « C’est vrai que sur certaines choses, je ne suis pas tout à fait d’accord mais il faut quand même que je le fasse… », « Je  sentais que j’avais une pression supplémentaire en étant en CDD surtout au début, là, maintenant que ça fait un petit bout de temps que je suis dans la maison, j’ai moins la pression, je sens que ma place est un peu plus stable, mais c’est sûr qu’en CDD, effectivement, tu vas pas te permettre ce que font certaines personnes en CDI, là depuis longtemps… », « Je me mets pas mal de pression, effectivement. On est un peu aussi, modelée par ça, pendant nos études, ça c’est clair et net. Donc c’est vrai que quand on arrive dans le milieu professionnel, on porte encore tout ce bagage là… Dans les grosses structures, je sentais les cadres un peu plus appuyantes sur le fait que l’on soit en CDD et jeunes diplômées. ».

Initier et construire sa carrière
a) Critères de choix
Secteurs géographiques
Les recherches dans un secteur donné répondent le plus souvent à une problématique de logement : Bastien – « Je suis originaire de X de base donc c’était prévu que j’y retourne, ça me convenait. », Louise – « Comme j’habite là et que j’ai ma famille dans le secteur, je cible mes recherches. Et comme je trouve, ça ne m’oblige pas à postuler plus loin. », « A Z j’aurais pu être renouvelée en avril mais je préférais aller à côté de chez moi à X pour m’éviter des kilomètres. », Delphine – « C’était mon premier choix parce que c’était proche de là où j’habitais. », Katia – « J’avais ciblé  les endroits où j’avais de la famille, parce qu’au niveau hébergement c’était des petits contrats. ».

Type de structures
Les sages-femmes interrogées choisissant de travailler dans le secteur hospitalier ont majoritairement postulé dans des établissements ayant un fort taux de natalité car il y a plus de personnel présent : Inès – « Je ne vise pas les niveaux 1. Il y a plusieurs offres emploi dans les niveaux 1 mais je ne me sens pas les épaules d’être dans un niveau 1 sans avoir de médecin sur place notamment la nuit. Donc je vise plutôt niveaux 2 ou niveaux 3. », « Je regarde maintenant le nombre de naissances. Il faut qu’il y ait plus de 1500 parce qu’en dessous, la sage-femme est toute seule en salle.  J’ai plutôt envie d’être deux tout le temps, de pouvoir discuter, de pouvoir être à deux, enfin c’est mon critère. », Axelle – « J’ai travaillé dans un niveau 3, une grosse structure, j’ai trouvé ça vraiment très confortable en tant que jeune diplômée, parce que tu as toutes les qualités du niveau 3, un gynécologue sur place, un pédiatre sur place, et puis surtout une équipe, on était 4 en salle de naissance, donc toujours une professionnelle qui a un peu plus d’expérience, voilà, donc débuter en niveau 3 c’était vraiment super. ». Pour la même raison, Fanny n’a candidaté « que dans les niveaux 2 et 3. ».

Diversité d’expériences professionnelles
Volonté
Certaines sages-femmes ont la volonté de diversifier et multiplier les expériences, de construire leur identité professionnelle : Inès – « Mon but là dans les deux prochaines années c’est d’avoir des expériences variées et savoir comment m’adapter dans différents endroits. », « Ca faisait partie de mon projet de profiter du fait d’être jeune, de pouvoir s’intégrer dans une équipe et d’avoir une expérience enrichie. », « Quand tu travailles dans différents endroits au début ça peut être un peu difficile, ça te remet en question et puis quand tu es reconnue, quand tu es appréciée et qu’on compte sur toi, quand les gens te disent “on te fait confiance”, ça te rassure et après quand tu arrives dans un autre endroit tu te rappelles de ça, tu te dis “ ils m’ont reconnue en tant que bonne professionnelle donc ça veut dire que je vais tenir la route”. Ca peut être bien aussi pour les patientes parce que tu as plus d’expériences mais personnellement aussi ça donne plus confiance en soi.  Enfin je le conseillerais, parce qu’à chaque fois j’ai rencontré des sages-femmes qui ont travaillé à différents endroits, j’ai trouvé qu’elles avaient une ouverture d’esprit au niveau professionnel, elles ont une vision plus globale, elles ne sont pas fixées sur un protocole. », Julie – « Il y a plein de petites choses comme ça, on s’adapte, c’est pas toujours évident, il y a des petites bourdes, mais je trouve que ça nous apprend vraiment à s’adapter. », « Ca nous recentre sur l’obstétrique et les gestes de base. », « Ça nous montre ce qui est essentiel, et ce qui l’est peut-être un peu moins… et ça amène aussi a avoir une critique positive en fait, de pouvoir évaluer les différentes manières, de travailler. », « Ca remet en question la pratique qu’on pouvait avoir, ça nous amène à réfléchir. », « Comme c’était mon premier emploi, je voulais vraiment construire ma propre identité professionnelle avec mes propres responsabilités, dans un lieu que je ne connaissais pas, avec des professionnels qui ne me connaissaient pas. ».

CONCLUSION

Les sages-femmes récemment diplômées trouvent assez facilement un emploi. Cependant, il leur faut souvent faire preuve de flexibilité et de mobilité. Les premières années de carrière, en établissements publics comme privés, sont marquées par la précarité. Les CDD de courte durée, parfois à temps partiel, s’enchaînent, se cumulent quelquefois de façon plus ou moins fluide.

 

 

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Table des matières

INTRODUCTION
1. Matériel et méthode
1.1. Objectif de l’étude
1.2. Schéma d’étude
1.3. Matériel
1.4. Méthode
2. Résultats
2.1. Caractéristiques de l’échantillon
2.2. Données recueillies
2.2.1. Aléas de l’insertion professionnelle
2.2.2. Initier et construire sa carrière
2.2.3. Marché contrasté de l’emploi
3. Discussion
3.1. Biais et limites de l’étude
3.2. Résultats principaux
3.2.1. Précarité de l’insertion professionnelle
3.2.2. Choix et concessions en début de carrière
3.2.3. Disparités du marché de l’emploi
3.2.4. Espoirs du libéral
3.3. Parallèle entre résultats et données de la littérature
3.3.1. Eléments de contexte sur le marché du travail
3.3.2. Précarité pour les jeunes sages-femmes
3.3.3. Pistes d’amélioration pour l’insertion professionnelle
CONCLUSION

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