Agriculture périurbaine et sécurité alimentaire

Une topographie en touche piano pour une agriculture saisonnière

   La ville de Ziguinchor, situé sur la rive gauche du fleuve Casamance s’est développée sur un site fluvial sur lequel un bas plateau du continental Terminal se subdivise en deux sousensembles (plateau de Boucotte et de Néma), de part et d’autre la dépression de Tiléne. Il domine de basses terrasses souvent inondées en saison des pluies. Ces terrasses de 4 à 5 m d’altitude ceinturent la ville par l’Est, le Nord et l’Ouest, en longeant respectivement les cours d’eau du Boutoute, de la Casamance et du Djibélor (Bruneau, 1979). Sur ces plateaux et ces terrasses se développent respectivement des cultures pluviales et maraîchères, sur les terrains non construits ou en construction. Si sur le plateau la nappe peut être captée par des puits à 15 m, il n’en faut que 0 à 5 m sur la terrasse où la nappe affleure et autorise son exploitation par les puisards et pour l’irrigation (Demb, 2006) au niveau des sols ferrugineux notamment.

Une richesse des sols entretenue par des techniques traditionnelles

   Sur ces deux types de relief, nous avons des sols ferrugineux et/ou ferralitiques, d’une part, sableux, hydromorphes, d’autre part. Ils sont tous naturellement riches, en dehors de ceux halomorphes que le paysan diola a su dompter par des techniques ancestrales de dessalement. La préparation et l’entretien des rizières s’effectuent tout au long de l’année. De même, la mise en culture nécessite un labour complet du sol (Pélissier, 1966), surtout avec l’instauration de cultures dérobées de riz et maraîchères. Aussi, le sol est enrichi par le recyclage des déchets organiques en compost ou par les cendres résultant du brûlis de feuilles d’arbres, par l’enfouissement de chaumes et de végétations spontanées, plus la fumure animale dont l’objectif est de maintenir la fertilité des sols, etc. Toutes ces techniques sont pertinentes dans une région à climat relativement humide.

Un climat et réseau hydrographique favorable à l’agriculture

   La ville de Ziguinchor se caractérise par un climat tropical soudano-guinéen relativement humide. De ce fait, de Juin à Novembre, la région est sous l’influence de la mousson, responsable des précipitations et du développement de l’agriculture pluviale. Durant la saison sèche, l’humidité conjuguée à la proximité de la nappe phréatique en certains endroits, permet la pratique du maraîchage de décembre à mars. Le réseau hydrographique est dense et profitable pour l’agriculture. La ville de Ziguinchor ressemble à une presqu’île limitée au Nord, à l’Est et à l’Ouest, respectivement par le fleuve Casamance et ses affluents, Boutoute et Djibélor. Ces marigots sont sous l’influence du Fleuve Casamance, lui-même fortement remonté par les eaux marines qui impactent négativement sur les rendements.

Les revenus issus de la vente des produits agricoles

   A Lyndiane, l’agriculture représente pour les exploitantes agricoles une activité génératrice de revenus. En ce sens, que les revenus issus de la vente des produits maraîchers comme la salade, le navet, l’oignon, la patate, etc. permettent de réduire les dépenses alimentaires familiales mais aussi, assure les frais de scolarité des enfants et les autres dépenses. En augmentant la diversité et la qualité des aliments consommés, l’agriculture peut améliorer significativement les régimes alimentaires de la population du quartier de Lyndiane. Ce faisant, les effets de cette agriculture sur la sécurité alimentaire à Lyndiane peut être mesuré par le nombre d’exploitantes à l’échelle des exploitations du quartier et sur le bassin versant agricole. Mais aussi, sur la quantité de produit déversé sur le marché local. De ce fait, cette activité est la principale source de revenus des exploitantes de terre agricole. En effet, sur les 170 exploitantes interrogées, 162 affirment que cette agriculture est leur principale source de revenus, soit 95,3% des cas (figure12). En guise d’exemple, sur une planche de 60 m2, on peut avoir un revenu de 90. 000 FCFA. Donc, les revenus dépendent de la surface des parcelles cultivées et de la quantité de la production (figure 13). Cette agriculture participe à l’augmentation des recettes de la commune. Car les maraîchères payent des taxes municipales, à raison de 100 FCFA quant elles partent vendre au marché. Donc, la municipalité, en tant que planificateur doit prendre en compte cette agriculture dans ces projets d’aménagements. Dans la mesure où, elle apporte des recettes considérables dans les caisses de la mairie (figure 14). De plus, les locataires des parcelles d’exploitations agricoles payent aussi aux propriétaires, un loyer. Le payement s’effectue par saison ou durant toute l’année, donc dépend du rapport entre le locataire et le propriétaire. D’après nos enquêtes, il arrive que des exploitantes locataires des parcelles payent 15 000 à 20 000 FCFA par année. Et d’autres loue la parcelle à raison de 10 000 FCFA par saison. Tous ces facteurs montrent le rôle que joue cette agriculture sur l’économie à Ziguinchor et de surcroît à Lyndiane.

L’autoconsommation des populations en denrées alimentaires

   Le reste des produits maraîchers et la totalité de la production du riz sont réservés exclusivement à la nourriture de la population. Moustier (2000), évoque les indicateurs suivants, permettant de signaler et de mesurer les effets économiques : l’emploi (les populations impliquées), les revenus et leurs répartitions, la disponibilité de l’argent, la contribution à l’alimentation des familles, la valeur ajoutée, l’approvisionnement alimentaire urbain et les parts de marché. A Lyndiane les populations impliquées sont d’abord les autochtones résidents des zones écologiques favorables à l’agriculture. On note aussi la présence d’autres exploitantes qui viennent des autres quartiers de la ville et les déplacés de guerre. Ces populations ont en générale un pouvoir d’achat et des revenus faibles et ont recours qu’à l’agriculture pour survivre (se nourrir). Selon Mougeot (2005), en n’a pas douter, les deux principales motivations qui poussent les citadins les plus pauvres à devenir des agriculteurs urbains sont d’une part, le besoin prépondérant de disposer d’une source sûre de denrées alimentaires fraîches et, d’autre part, l’espoir d’améliorer leurs conditions financières précaires. Cette situation se confirme à Lyndiane, car les exploitantes interrogées comptent que sur cette agriculture pour avoir de l’argent et assurer leur autoconsommation. Tout cela montre que la production des produits maraîchers et du riz occupe une part et place importantes et permet d’atteindre l’autoconsommation voire la sécurité alimentaire. Concernant, la production de riz, nous constatons qu’elle est en totalité destinée à l’autoconsommation des populations. Donc, contribue à réduire les dépenses alimentaires en riz importé durant presque la moitié de l’année (6 à 8 mois dans l’année). Comme au Viêtnam et au Laos, les producteurs sont attachés au riz. Cela s’explique à Lyndiane par le fait que le riz est une culture ancestrale que le paysan Diola a hérité et dit avoir l’obligation de la pérenniser. Aussi, la production de riz est très rentable car fournissant des quantités satisfaisantes pour assure la nourriture de la population. Par exemple, la quantité de nourritures produite sur une surface peut atteindre 7 à plus de 10 charrettes pour une parcelle de 350 à 400m2 ou plus soit 300 à 700 kg. Alors pour la production maraîchère, les légumes de feuilles courts et de feuilles longues permettent d’assurer l’approvisionnement du marché local et des populations en tout moment en aliments de qualité et quantité. L’importance économique et sociale de l’agriculture se mesure par les effectifs des exploitantes et à la valeur de la production. Elle touche presque toutes les populations du quartier et de la vallée déprimée qui jouxte le bassin de Djibélor. De ce fait, 52,9% des producteurs agricoles sont des paysans et 46,5% sont des ménagers qui ne pratiquent cette agriculture que pour se nourrir. Cependant, l’agriculture périurbaine n’est pas exclusivement une agriculture de subsistance, elle inclut également des exploitations commerciales qui produisent des aliments et d’autres espaces. Nous pouvons noter que cette agriculture, la transformation et la distribution de différents produits alimentaires et non alimentaires ; comprend aussi l’élevage. L’implication des citadin dans l’agriculture est à replacer dans un contexte d’explosion démographique, de pauvreté galopante en ville, d’insécurité rurale (mine anti personnelles dans certains champs et vergers), de système de transport ville-campagne en déliquescence (Moustier et al, 1997) et réduisant considérablement l’agriculture rurale. Cet état de fait se traduit par la recrudescence du conflit entre l’armée du Sénégal et le mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC), les rizières situées dans la zone périurbaine comme Lyndiane sont des fois sous exploités. D’ailleurs, au cours de l’année 2010, le riz comme la patate n’ont pas été récoltés dans la vallée de Djibélor pour des raisons d’insécurité19 (Sy, 2010). Egalement, l’agriculture périurbaine joue un rôle primordial dans la ville de Ziguinchor. En effet, Ziguinchor est la principale ville industrielle de la région, les industries sont surtout liées au secteur primaire notamment l’agriculture qui occupe plus de 60% des activités de la région. En plus, la contribution sociale et économique de l’agriculture, à Lyndiane est significative pour les produits frais périssables, pour les femmes, les jeunes et populations peu diplômées. De plus, avec la croissance rapide de la ville, l’afflux des ruraux et des populations déplacées de guerre, l’agriculture périurbaine joue un rôle de plus en plus important dans l’alimentation des citadins. Aussi, contribue à la réduction des intervalles saisonniers dans la production de cette primeur. Cette agriculture contribue à la sécurité alimentaire et à l’amélioration des valeurs nutritives en ce sens qu’elle permet d’accroître la quantité, la qualité et de diversifier les aliments mis à la disposition d’une population urbaine à faible pouvoir d’achat. De même, elle constitue une stratégie de survie, pour les populations déplacées des communautés rurales (Niaguis, Niassya, etc.) et néo-citadins. En plus, la diversité et la part qu’occupe les types de cultures montrent l’effet de cette agriculture sur l’autoconsommation donc, assure la sécurité alimentaire. En augmentant la diversité des aliments consommés à Lyndiane, l’agriculture améliore significativement les régimes alimentaires urbains, tout en devenant une activité économique.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
Première partie : L’importance de l’agriculture sur le plan de la sécurité alimentaire à Lyndiane
Deuxième partie : Rôle des différents acteurs, effets socio-économiques, spatiaux, problèmes et perspectives de l’agriculture
Conclusion générale
Bibliographique
Wébographie

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