Agencement des composantes d’un film

Agencement des composantes d’un film

Cadre théorique

Cette partie comporte trois chapitres qui constituent le cadre conceptuel :

1) l’imaginaire et la culture populaire,

2) le cinéma,

3) les arts martiaux au cinéma.

Le fil conducteur auquel s’attacheront tous les concepts est celui des arts martiaux au cinéma comme une connaissance partagée par la population, mais aussi par les publics de ce genre cinématographique. En épistémologie, le constructivisme est une approche de la connaissance reposant sur l’idée que notre image de la réalité, ou les notions structurant cette image, sont le produit de l’esprit humain en interaction avec cette réalité, et non le reflet exact de cette réalité elle-même. Le produit de cette construction n’est pas qu’individuel et découle des interactions sociales, car elle est de nature symbolique et nécessite des a priori culturels. Une construction symbolique s’appuie sur un consensus social qui requiert l’échange d’informations avec d’autres individus à propos d’une réalité X ou, encore, la consommation de produits culturels préalablement chargés de sens pouvant être décodés par certains groupes d’individus.

Il est alors possible d’envisager la réalité sociale et les phénomènes sociaux comme étant construits, créés, objectivés ou institutionnalisés, souvent transformés en traditions. Dans ce cadre, on étudie des institutions, des actions et des idées en s’interrogeant sur la manière dont ils construisent la réalité des individus qui y participent ou contribuent à cette construction. En tant que phénomène social, les arts martiaux ne font pas exception à ce qui vient d’être dit. La notion d’arts martiaux est d’abord une idée partagée par plusieurs, dont la définition varie souvent d’une personne à l’autre. Ces différences révèlent que tous n’ont pas la même compréhension de cette chose parce qu’elle est construite à partir de matériaux et d’agencements variés. Les matériaux de départ sont probablement les mêmes pour tous, seul l’agencement des matériaux diffèrerait. Benoît Gaudin (2009) affirme à ce sujet que les arts martiaux n’ont pas d’essence en soi. Cette affirmation signale simplement que les arts martiaux n’existent pas en dehors des personnes qui en portent l’idée. La notion d’arts martiaux est alors tributaire du phénomène de construction sociale.

L’un des points de départ de cette thèse est que la manière de comprendre les arts martiaux provient, entre autres, de la culture cinématographique. Les différents acteurs occupant des positions sociales dans le champ des organisations en rapport avec la pluralité des disciplines des arts martiaux y participent également, mais ne font pas l’objet de notre recherche. Si l’idée des arts martiaux, peu importe les variations de définition, existe chez la majorité des individus, il y a sans aucun doute un médium qui a contribué à cette diffusion, et celle-ci coïncide avec l’avènement du cinéma et des émissions télévisuelles. Cet aspect sera explicité dans la section sur les arts martiaux au cinéma. À choisir, non pas le moindre mal, mais la meilleure référence, le cinéma semble être le vecteur de popularité par excellence des clichés et des idées reçues à propos des arts martiaux.

De ses succès découlent les ventes de DVD, les productions de remakes, les séries d’épisodes ou de films thématiques, etc. Bref, le cinéma introduit ou influence les représentations que chacun entretient à propos d’une multitude de sujets, notamment les arts martiaux. La connaissance populaire d’un objet a quelque chose d’imprécis, mais pas d’indéfini. Il s’agit de références, ou d’éléments partiels, appartenant à un nuage d’idées communes et de représentations que l’on peut qualifier d’imaginaire. Nous cherchons donc précisément à comprendre l’imaginaire des arts martiaux véhiculé dans la culture populaire du cinéma, ainsi que ses changements dans le temps. Mais avant toute chose, il faut s’attarder à définir ce qu’est l’imaginaire.

Imaginaire et culture populaire

L’imaginaire est un concept complexe. Il fait encore objet de débats quant à sa définition et à la manière de l’utiliser dans le cadre de la recherche. Il est donc nécessaire de le cerner adéquatement pour ne pas se perdre dans les méandres interprétatifs et usages multiples. Néanmoins, avant d’entamer cette section théorique, il faut avoir à l’esprit que l’approche contemporaine de la sociologie de l’imaginaire y repère différentes fonctions sociales (Legros, 2006) : le besoin de rêverie (fonction anthropophysiologique); rassurer face à l’inconnu (fonction de régulation par l’intermédiaire du mythe, du rite, du rêve ou encore de la science); la capacité de relativiser sa vision du monde (fonction de créativité sociale et individuelle offrant une ouverture épistémologique sur le réel); et communiquer (fonction de communication sociale favorisée notamment par le mimétisme, les idéaux-types, les systèmes de représentations et la mémoire collective). Le concept de l’imaginaire n’est pas essentiellement présenté ici sous l’angle des fonctions sociales, mais en reprendra les grandes lignes. Nous verrons comment la sociologie appréhende l’imaginaire, les éléments composant le socle théorique, les besoins auxquels il répond chez l’individu, les dynamiques de fonctionnement social, le rôle du fantastique, le rapport qu’il entretient avec le réel et, enfin, la définition retenue pour la présente étude.

Approche disciplinaire

En sociologie, l’imaginaire est affaire de civilisation1 : il circule à travers l’histoire, les cultures et les groupes sociaux (Descolas, 2010; Legros, 2006). Il se comprend donc comme un phénomène collectif qui permet à l’être humain d’agir dans un contexte social et historique. L’imaginaire constitue une dimension substantielle de l’univers social, soit une matrice psychique des individus, contribuant à la création d’institutions. Une sociologie qui ne tient pas compte de cette dimension est incomplète. Aussi, pour donner une définition positive de l’imaginaire, il faut écarter l’opposition imaginaire / rationnel Sortir de cette opposition permet de comprendre l’imaginaire comme un fait réel. La pensée mythique est une pensée concrète qui, fonctionnant sur le principe de l’analogie, s’exprime par des images symboliques organisées de manière dynamique. Elle détermine des perceptions de l’espace et du temps, des constructions matérielles et institutionnelles, des mythologies et des idéologies, des savoirs et des comportements collectifs. Mais l’anthropologie de l’imaginaire conteste l’idée d’une pensée mythique qui serait primitive, pré-logique, inférieure à la pensée rationnelle (Legros, 2006 : 2). En d’autres termes, l’être humain ne se représente que ce qu’il perçoit ou imagine parce qu’il a appris à discerner par ses impressions sensibles un rapport au monde qui n’est reconnaissable que dans son imaginaire (Descolas, 2010).

Reprenant à son compte cette vision anthropologique, la sociologie de l’imaginaire propose un point de vue sur le social qui s’intéresse à toutes les activités humaines. Investissant de manière transversale les domaines de la société (vie quotidienne, travail, politique, religions, science, littérature, divertissement, loisir), son objet est considéré, soit imprécis ou impalpable, soit comme une polysémie (Legros, 2006). Ces deux visions divisent également les points de vue des professionnels qui oscillent dans leur compréhension de l’imaginaire entre une science complexe, pour les initiés, et peu fiable, pour ses détracteurs. Néanmoins, la sociologie de l’imaginaire tente d’atteindre les motivations premières, les courants dynamiques qui sous-tendent et animent les sociétés humaines.

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Table des matières

Résumé
Abstract
Table des matières
Liste des tableaux
Liste des images
Remerciements
Avant-propos
Introduction générale – Étudier la dimension sociale des arts martiaux
Partie I – Cadre théorique
Introduction de la partie I
Chapitre 1 : Imaginaire et culture populaire
1.1 L’imaginaire
1.1.1 Approche disciplinaire
1.1.2 Composantes de l’imaginaire
1.1.3 L’imaginaire comme besoin essentiel de l’homme
1.1.4 Le fonctionnement social de l’imaginaire
1.1.5 L’imaginaire fantastique
1.1.6 Rapport entre l’imaginaire et le réel
1.1.7 Pour une définition de l’imaginaire
1.2 La culture populaire
1.2.1 La culture : une évolution constante
1.2.2 L’industrie culturelle
1.2.3 Le lien entre les sous-cultures et l’industrie culturelle
1.2.4 Pour une définition des cultures populaires
Chapitre 2 : Le cinéma
2.1 Agencement des composantes d’un film
2.1.1 Composante structure
2.1.2 Composante temps
2.1.3 Composante musique
2.1.4 Composante mouvement
2.1.5 Composante de l’environnement symbolique
2.2 Réputation et préjugés envers le cinéma
2.3 L’imaginaire au cinéma : vision d’une époque
2.4 Le cinéma comme produit de l’industrie culturelle
2.5 Les publics et les mécanismes de réception
2.6 Le héros contemporain : du mythe au cinéma
2.6.1 Le héros à l’ère des médias
2.6.2 Les héros : reflet de leur époque
2.6.3 Portait du héros contemporain
2.6.4 Fonction du héros dans la postmodernité
Conclusion du chapitre 2
Chapitre 3 : Les arts martiaux au cinéma
3.1 Recension des écrits sur le cinéma d’arts martiaux
3.2 Le cinéma porteur de la culture martiale
3.3 Le héros : vecteur de transmission des arts martiaux
3.3.1 Le mythe américain du guerrier ou du héros solitaire et l’intégration des arts martiaux
3.3.2 Le héros dans le cinéma d’arts martiaux asiatique et son adaptation au modèle du héros occidental
3.4 La spiritualité dans le cinéma d’arts martiaux
3.5 Le mysticisme ésotérique de la magie occulte dans le cinéma d’arts martiaux
3.6 Historique des classiques du cinéma d’arts martiaux en Occident
3.6.1 L’époque de Bruce Lee
3.6.2 Chuck Norris prend le relais
3.6.3 La vague des Ninjas
3.6.4 L’arrivée du Karaté Kid
3.6.5 Deux nouvelles vedettes : Van Damme et Seagal
3.6.6 John Woo et l’invasion du slow motion
3.6.7 Jackie Chan et l’imaginaire comique des arts martiaux
3.6.8 La noblesse de Jet Li
3.6.9 La nouveau millénaire : l’ère de l’informatique
3.7 Les différents types d’acteurs de films d’arts martiaux
Conclusion du chapitre 3
Conclusion de la partie I
Partie II – Méthodologie
Chapitre 4 : Le moyen d’investiguer les représentations sociales de l’imaginaire des arts martiaux au cinéma
4.1 Question de recherche
4.2 A priori de l’analyse cinématographique
4.3 Les représentations sociales comme outil d’analyse
4.4 Analyser des films d’arts martiaux
4.5 Échantillonnage raisonné pour la cueillette de films
4.6 La sélection des scènes de films
4.7 Référence des scènes analysées selon les films
4.8 Processus d’analyse et opérationnalisation
Partie III – Analyse et interprétation
Introduction de la partie III
Chapitre 5 : Classement des films par catégories thématiques
5.1 Les acteurs
5.2 Les récits
5.3 Le surnaturel et la magie
5.4 La temporalité
5.5 L’ordre social
Conclusion du chapitre 5
Chapitre 6 : Les agencements sonores, matériels et spatiaux
6.1 Musiques et sons
6.1.1 Description des musiques et des sons dans les films d’arts martiaux
6.1.2 Description des musiques et des sons dans les films d’action
6.2 Prises de vue et jeux de caméra
6.2.1 Description des prises de vue et des jeux de caméra dans les films d’arts martiaux
6.2.2 Description des prises de vue et des jeux de caméra dans les films d’action
6.3 Périodes de la journée et température
6.3.1 Description des périodes de la journée et des températures dans les films d’arts martiaux
6.3.2 Description des périodes de la journée et des températures dans les films d’action
6.4 Décors
6.4.1 Description des décors dans les films d’arts martiaux
6.4.2 Description des décors dans les films d’action
6.5 Effets spéciaux
6.5.1 Description des effets spéciaux dans les films d’arts martiaux
6.5.2 Description des effets spéciaux dans les films d’action
Conclusion du chapitre 6
Chapitre 7 : La conduite des personnages
7.1 Attitudes et comportements
7.1.1 Description de l’attitude des personnages des films d’arts martiaux
7.1.1.1 Les héros
7.1.1.2 Les antagonistes
7.1.2 Description de l’attitude des personnages des films d’action
7.1.2.1 Les héros
7.1.2.2 Les antagonistes
7.2 Vêtements et apparences
7.2.1 Description des caractéristiques vestimentaires des personnages dans les films d’arts martiaux
7.2.1.1 Les héros
7.2.1.2 Les antagonistes
7.2.2 Description des caractéristiques vestimentaires des personnages dans les films d’action
7.2.2.1 Les héros
7.2.2.2 Les antagonistes
7.3 Compétences techniques et prouesses
7.3.1 Description des compétences techniques et des prouesses des personnages dans les films d’arts martiaux
7.3.1.1 L’utilisation du corps
7.3.1.2 Les classiques
7.3.2 Description des compétences techniques et des prouesses des personnages dans les films d’action
Conclusion du chapitre 7
Chapitre 8 : L’objectif poursuivi ou les finalités de l’action
8.1 Contextes
8.1.1 Le contexte dans les films d’arts martiaux
8.1.1.1 Déviance et marginalité – hors des normes et de la quotidienneté
8.1.1.2 Activités physiques – mise en scène du corps
8.1.1.3 Intégration de nouvelles informations
8.1.2 Le contexte dans les films d’action
8.2 L’orientation des actions
8.2.1 L’orientation des actions dans les films d’arts martiaux
8.2.1.1 Rechercher ou véhiculer un sens relatif aux arts martiaux
8.2.1.2 Montrer ou imposer une morale par le moyen des arts martiaux
8.2.1.3 Application pratique des techniques d’arts martiaux
8.2.1.4 Être résilient et faire face à l’adversité grâce aux arts martiaux
8.2.2 L’orientation des actions dans les films d’action
8.3 Ambiance et atmosphère sociale
8.3.1 Ambiances et atmosphères sociales dans les films d’arts martiaux
8.3.1.1 L’aspect merveilleux et fantastique des arts mariaux
8.3.1.2 Tension, agressivité et conflit
8.3.1.3 Paix et bien-être
8.3.1.4 Suspense
8.3.2 Ambiances et atmosphères sociales dans les films d’action
Conclusion du chapitre 8
Chapitre 9 : Les intentions exprimées dans les discours et le paraverbal
9.1 Formation des thématiques
9.2 Catégories thématiques des intentions des discours dans les films d’arts martiaux
9.2.1 Rapport à la puissance
9.2.2 La transmission du sens
9.2.3 Rapport à l’éthique et aux valeurs morales
9.2.4 Expressions émotives et états d’âme
9.3 Catégories thématiques des intentions des discours dans les films d’action
Conclusion du chapitre 9
Conclusion de la Partie III
Conclusion générale
Bibliographie
Le thème de la culture
Le thème des représentations sociales
Le thème des arts martiaux
Le thème du cinéma
Le thème de l’imaginaire
Filmographie
Documents filmiques analysés
Documents filmiques cités
Séries citées
Annexe 1
Annexe 2
Annexe 3
Annexe 4
Annexe 5
Annexe 6
Annexe 7
Annexe 8
Annexe 9

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