Adaptation aux changements climatiques et réduction des risques de catastrophe

Adaptation aux changements climatiques

Dans la lutte contre les changements climatiques, il y a deux approches complémentaires : l’atténuation qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et l’adaptation, actions permettant aux sociétés d’anticiper les conséquences probables des changements climatiques (CC). Prises isolément, ces deux solutions deviennent totalement impuissantes. Sans l’atténuation, les impacts s’accéléreraient et s’aggraveraient et l’adaptation deviendra très difficile à réaliser. « Plus l’atténuation est efficace, moins l’adaptation sera couteuse » .

On attribue plusieurs définitions à l’adaptation aux changements climatiques.

Selon le Groupe d’Experts Intergouvernementaux sur l’Evolution du Climat (GIEC) en 2001, l’adaptation aux changements climatiques (ACC) correspond à «l’ajustement des systèmes naturels ou des systèmes humains face à un nouvel environnement ou un environnement changeant. Elle indique l’ajustement des systèmes naturels ou humains en réponse à des stimuli climatiques présents ou futurs ou à leurs effets, afin d’atténuer les effets néfastes ou d’exploiter des opportunités bénéfiques. On distingue divers types d’adaptation, notamment l’adaptation anticipée et réactive, l’adaptation publique et privée, et l’adaptation autonome et planifiée ».

Cette étude retiendra la définition suivante « une pratique qui englobe les actions de divers acteurs cherchant à gérer et à réduire les risques associés aux changements climatiques. C’est la combinaison de deux objectifs : (1) adaptation du développement aux changements progressifs dans la moyenne des températures, le niveau de la mer et des précipitations, (2) la réduction et la gestion des risques liés à des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents, plus graves et plus imprévisibles. Le choix de cette définition se justifie par le fait qu’elle comporte trois dimensions très pertinentes pour la présente étude. Elle explicite et englobe la gestion de risques et la réduction des risques climatiques. Elle souligne en outre l’importance de l’approche multiacteurs. En effet, bien que peu mis en valeur, le lien entre les changements climatiques et le développement est toute de même mis en évidence.

Cette définition simple mais qui interprète au mieux le sens de l’ACC a été formulée par les auteurs du document « Vers la résilience, un guide pour la réduction des risques de catastrophes et l’adaptation au changement climatique » , et justement elle a été construite pour la distinguer avec la définition de la RRC.

Réduction des risques de catastrophe

A l’instar de l’adaptation aux changements climatiques, il existe également plusieurs définitions de la réduction des risques de catastrophe. Tearfund définit la RRC comme une méthode préventive de la gestion des risques de catastrophes (GRC) qui comprend des interventions ou des mesures techniques, sociales, économiques ayant pour but de réduire les pertes directes et indirectes liées aux catastrophes. C’est un processus ayant pour but la réduction du niveau de vulnérabilité des populations et la minimisation des effets perturbateurs des catastrophes, tout en renforçant des capacités des communautés.

Selon la définition d’Oxfam Solidarité, la RRC est un cadre conceptuel englobant les éléments qui contribuent à minimiser la vulnérabilité et les risques de catastrophes au sein de la société en général. Ainsi, la RRC vise à réduire la vulnérabilité de la population en la préparant mieux aux menaces pour réduire l’impact des catastrophes et en travaillant sur la prévention. L’objectif est d’éviter (prévention) et/ou de limiter (mitigation et préparation) l’impact négatif des aléas, et ce dans le contexte global du développement durable.

Comme pour l’ACC, on adoptera la définition suivante de la RRC  « un concept et une pratique à travers des efforts systémiques pour analyser et gérer leurs facteurs et leurs causes, notamment grâce à la limitation d’exposition aux risques, à la réduction de la vulnérabilité, de personnes et des actifs, à la gestion rationnelle des terres et de l’environnement, à une meilleure préparation aux événements indésirables ». Les expressions clés dans le monde de la réduction des risques de catastrophe sont clairement mises en évidence dans cette définition et fournissant ainsi un mélange bien structuré des objectifs, des cibles des actions, des moyens à mettre en œuvre, et des résultats.

Gestion des risques de catastrophe 

Il convient également que l’on définisse la gestion des risques de catastrophe (GRC) pour distinguer sa subtilité avec la réduction des risques de catastrophe. Selon la terminologie de l’UNISDR  , la GRC se définit comme le processus de recours systématique aux directives, compétences opérationnelles, capacités et organisations administratives pour mettre en œuvre les politiques, stratégies et capacités de réponses appropriées en vue d’atténuer l’impact des aléas naturels et des risques de catastrophes environnementales et technologiques, qui leur sont liées. La GRC a pour but d’éviter, d’atténuer ou de transférer les effets néfastes des risques par le biais d’activités et de mesures de prévention, d’atténuation et de préparation. Il importe de préciser que le cadre de la RRC va au-delà de la simple gestion, car il inclut, outre les interventions d’urgence, le relèvement et le redressement post-catastrophe.

Une dynamique internationale s’est créée autour de la RRC et de l’ACC depuis des décennies. Cela s’est notamment manifesté par la création de nombreuses plateformes d’échanges mondiaux et par la signature d’accords, de traités, de conventions à tous les niveaux d’existence de ces plateformes. Nous dressons ci après un tour d’horizon des cadres juridique et politique internationaux qui s’appliquent sur les domaines de la RRC et de l’ACC. Cet état de lieux a son importance dans la mesure où ces instruments constituent des cadres de référence de tous les acteurs travaillant dans les deux domaines, leur permettant ainsi à leur tour d’élaborer leur stratégie et politique, d’élaborer leur approche, ainsi que de construire leurs outils et manuels de travail.

LES INSTRUMENTS JURIDIQUES ET POLITIQUES INTERNATIONAUX 

Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques en 1992 

Le premier accord international en matière de changements climatiques est la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), qui a été élaborée en 1992, entrée en vigueur en 1994, et ratifiée par 194 pays en 2012. Madagascar a ratifié la Convention en décembre 1998. La CCNUCC établit un cadre général pour relever le défi des changements climatiques sur le plan international. L’objectif ultime à atteindre pour la CCNUCC est la stabilisation des émissions atmosphériques de gaz à effet de serre à un niveau qui les empêchera de nuire au système climatique. Pour l’application de la CCNUCC (et aussi d’autres instruments juridiques connexes), il a été créé ce qu’on appelle ‘Conference of Parties’ ou COP, laquelle tient une session ordinaire une fois par an. C’est l’organe  suprême qui adopte et prend des décisions nécessaires pour favoriser l’application effective de la Convention. Cette Convention a été une étape importante vers l’objectif de limiter l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES), mais les engagements climatiques des pays signataires ont été insuffisants qu’il a fallu aboutir à un nouvel accord sur le climat en 1997 (le Protocole de Kyoto cité plus bas).

Plan d’action de Bali en 2007

Le plan d’action de Bali est axé sur le fait que l’adaptation a même niveau d’importance que l’atténuation. En effet, si l’atténuation traite en amont les causes du changement climatique par la réduction des gaz à effets de serre, l’adaptation, en aval, concerne les impacts et les chocs des changements climatiques auprès de la société et des écosystèmes. Même si les efforts importants sont faits au niveau de l’atténuation, le climat continuerait de changer, rendant ainsi incontournable l’adaptation. Cependant sur le plan international, les mesures d’adaptation ont été très longues à se concrétiser, bien qu’elles aient été abordées dès la première conférence des parties en 1994. La CCNUCC s’est beaucoup intéressée sur la question de financement de l’adaptation aux changements climatiques. La septième session de la conférence des parties à Marrakech a en effet établi en 2001 le Fonds d’adaptation qui est destiné à financer les plans d’adaptation nationale (PAN). Et à l’issue de la conférence de Bali (COP 13), il a été décidé que ce fonds sera financé pour l’essentiel par une taxe internationale fondée sur le Mécanisme de Développement Propre (MDP). Ce mécanisme fonctionne comme suit : les pays industrialisés payent pour des projets qui réduisent ou évitent des émissions dans des nations moins riches et sont récompensés de crédits pouvant être utilisés pour atteindre leurs propres objectifs d’émissions. Une décision très marquante de la COP 13 a été également la mise en relation des actions d’ACC et de RRC. Les Parties ont envisagé le renforcement de l’adaptation par des stratégies de gestion et de réduction des risques de catastrophe, et par la diversification économique pour renforcer la résilience.

Protocole de Kyoto en 1997 

La conférence des parties 1 (COP 1) a alors décidé d’engager davantage les Parties, notamment les pays industrialisés dans la lutte contre les changements climatiques. A la suite de trois années de négociation (de 1995 à 1997), le texte du Protocole de Kyoto fût adopté en 1997, mais n’est entré en vigueur qu’en février 2005. Ce grand décalage de huit années entre son adoption et son entrée en vigueur s’explique par la nécessité de la ratification du Protocole par au moins 55 pays et dont certains d’entre eux devaient cumuler au moins 55% des émissions de CO2 en 1990. Le Protocole de Kyoto stipule que les pays industrialisés et à la fois développés figurant à l’Annexe 1 (abstraction faite des pays émergents) soient légalement tenus d’atteindre les objectifs quantitatifs de réduction ou de limitation de leurs émissions de gaz à effet de serre. Ce protocole constitue donc jusqu’à présent le seul engagement international qui oblige ces pays à limiter leurs émissions de gaz à effet de serre. En 2012, 84 pays dits aussi « économiquement forts» ont signé le Protocole, avec des engagements qui varient d’une nation à une autre. La ratification des Etats Unis est toujours attendue étant donné qu’ils sont taxés d’être un pays très pollueur – non payeur, alors que la première période d’engagement du Protocole a pris fin en 2012.

Lors de la dernière COP (la 18ème à Doha en décembre 2012), les Parties ont décidé de prolonger jusqu’en 2020 le Protocole de Kyoto et de poursuivre ainsi la lutte contre les changements climatiques. Néanmoins, cet accord, supposé vertueux, a perdu de son sens et de sa portée avec le retrait de Canada, de la Russie et du Japon. Au final, les signataires de l’accord ne représentent plus que 15% des émissions mondiales de GES. Ces décisions montrent combien même les problématiques environnementales ont été effacées devant les intérêts économiques étatiques.

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Table des matières

INTRODUCTION
METHODOLOGIE
PARTIE 1 : Adaptation aux changements climatiques et réduction des risques de catastrophe : deux concepts, deux politiques complémentaires
CHAPITRE 1. Comprendre l’adaptation aux changements climatiques et la réduction des risques de catastrophe
Section 1. Adaptation aux changements climatiques
Section 2. Réduction des risques de catastrophe
Section 3. Gestion des risques de catastrophe
CHAPITRE 2. Les instruments juridiques et politiques internationaux
Section 1. Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques en 1992
Section 2. Plan d’action de Bali en 2007
Section 3. Protocole de Kyoto en 1997
Section 4. Accords de Cancun en 2010
Section 5. Conférence mondiale pour la prévention des catastrophes
Section 6. Stratégie de Yokohama
Section 7. Cadre d’action de Hyōgo en 2005 – 2015
CHAPITRE 3. Les cadres juridiques et politiques nationaux
Section 1. Stratégie nationale de gestion des risques et des catastrophes
Section 2. Politique nationale de lutte contre les changements climatiques
Section 3. Programme d’action nationale d’adaptation aux changements climatiques
Section 4. Stratégie nationale de mécanisme de développement propre
CHAPITRE 4. L’intégration de la réduction des risques de catastrophe et de l’adaptation aux changements climatiques
Section 1. Liens entre la réduction des risques de catastrophe et l’adaptation aux changements climatiques
Section 2. Similitudes des actions de réduction des risques de catastrophe et d’adaptation aux changements climatiques
Section 3. Adaptation aux changements climatiques, réduction des risques de catastrophe et développement durable
Section 4. Disparité entre la réduction des risques de catastrophe et l’adaptation aux changements climatiques
PARTIE 2 : LES EXPERIENCES DE DEUX PROJETS EN REDUCTION DES RISQUES DE CATASTROPHE ET EN ADAPTATION AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES A MADAGASCAR
CHAPITRE 1. Descriptif des projets étudiés
Section 1. Le programme DIPECHO
Section 2. Programme Dipecho Madagascar mis en œuvre par CARE International
Section 3. Projet de mise en valeur et de protection des bassins versants et périmètres irrigués de Madagascar
CHAPITRE 2. Approche communautaire adoptée
Section 1. Prise en compte des intérêts et des propositions locaux
Section 2. Prise en compte de l’importance de la femme
Section 3. Analyse des risques à base communautaire
CHAPITRE 3. Favoriser la prise de conscience des populations cibles
Section 1. Approche de rémunération incitative des bénéficiaires
Section 2. Approche axées sur la création de moyens de subsistance durables
Section 3. Renforcement de capacité continue des communautés
CHAPITRE 4. Approche intégrée et multisectorielle
Section 1. Création de la plateforme de concertation, de communication et de résolution de conflits au niveau du District et de la Commune
Section 2. Comités de gestion des risques de catastrophe, des réseaux multi acteurs
Section 3. L’environnement, unique partenaire stratégique du projet BVPI dans la lutte contre le changement climatique
Section 4. Réduction des risques de catastrophe centrée sur l’enfant
CHAPITRE 5. Approche fondée sur les écosystèmes du projet BVPI
PARTIE 3 : RECOMMANDATIONS
CONCLUSION

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