Actualisation des connaissances sur la population d’aprons du Rhône

Histoire d’une espèce devenue endémique au bassin versant du Rhône 

   L’apron du Rhône (Zingel asper) est une petite espèce de poisson endémique au bassin Rhodanien (figure 1). Appartenant à la famille des percidés (systématique en annexe 1), son nom lui viendrait de l’« âpreté » de ses écailles. Appelé aussi « Roi du Doubs » dans le Jura, en référence à sa posture raide (« roide » ou roué en jurassiens) (MONNARD, 1944 dans RNF, 2001) ou encore « Dauphin » ou « Sorcier » (VALLOT, 1836) dans la Saône, le Rhône ou l’Ain, il a suscité les mythes et les légendes. Parfois vu comme porte-bonheur, il était conservé dans les viviers car il débarrasserait l’endroit de la vermine et s’y montrerait familier (Le Rameau De Sapin, 2010). Vers 1880, sur le Doubs franco-suisse, il est pourtant cloué avec les crapauds à la porte des granges car les « rois » portent malheur (Le Rameau De Sapin, 2007). L’origine de ce petit poisson fascinant serait à la hauteur de son mythe. Il faut remonter avant le pliocène (il y a environ 8 millions d’années) lorsque l’ancêtre de l’apron vivait dans le Doubs, encore tributaire du Danube, via l’Aar et l’actuel lac de Constance. C’est suite aux plissements du Jura que le Doubs s’est rattaché au bassin rhodanien, isolant une partie des aprons des deux autres espèces du même genre, connus sur le Danube (Zingel et Streber) et dont ils sont les descendants (scénario de STEIMANN en 1938 dans RNF, 2001). Ainsi est né Zingel asper, ce petit poisson peu farouche qui a su largement coloniser une grande partie du Rhône et de ses affluents, avant de voir sa population arriver au bord de l’extinction au cours du 20ème Siècle.

Généralités sur l’apron du Rhône

   BOUTITIE décrit en 1984 l’apron du Rhône comme étant un petit poisson au corps fusiforme et allongé, plus effilé et mince à l’arrière. Avec une région pectorale large il peut être confondu avec le chabot (Cottus gobio). Il présente une tête déprimée dorso-ventralement avec un gros museau arrondi qui surplombe la bouche en position inférieure et des yeux, placés audessus de la tête. Les nageoires dorsales sont éloignées l’une de l’autre (caractère générique). Les nageoires pectorales sont arrondies et souples (utilisation pour la nage). Les nageoires pelviennes par contre, sont épaisses (utilisées comme support pour se maintenir sur le substrat). Sa coloration est le plus souvent brun-jaunâtre, mais peut tirer sur le gris. Les flancs sont traversés par 3 ou 4 bandes noirâtres qui descendent obliquement. Cependant il y aurait beaucoup de variations dans la teinte générale et dans la disposition des bandes (MOREAU, 1881). « Cette coloration disruptive lui permet un camouflage parfait sur des cailloutis mixtes de laves (sombres) et de calcaire (clairs) » (RNF, 2001). La taille de l’apron adulte varie de 13 à 20 cm en moyenne avec un poids et une taille maximum de 23 cm et 100 g pour les plus gros individus (KREUTZENBERGER, 2008).

Précisions morphologiques sur la population du Doubs.

   Deux critères morphologiques et caractéristiques de l’espèce ont été mis en avant dans cette étude afin de différencier chaque individu observé. Le premier concerne l’importante pigmentation des nageoires développée par les aprons du Doubs (également observée sur ceux de la Loue). Elle se caractérise par une multitude de petits points beige clair, répartis de manière anarchique sur les nageoires. Une plus grosse tache (plus ou moins étendue selon les individus) est également présente à la base des nageoires pectorales, comme le montre la figure n°2 ci-dessous. Cette pigmentation semble s’accentuer avec l’âge des poissons. Présentes sur les pectorales, les pelviennes et l’anale des jeunes individus, ces taches évoluent et s’étendent sur la caudale et les dorsales des vieux individus (voir annexe n°2). Le deuxième critère concerne les bandes noires obliques présentes sur les flancs des poissons, voir figure n°3 ci-dessus. Au nombre de trois sur les aprons observés elles sont très clairement dessinées et propres à chaque apron (critère utilisé par BÉJEAN, com. per. pour la différenciation des géniteurs conservés en captivité). On observe également la présence d’une tache sombre sur le dos, en arrière de la tête (présence non systématique). Ces traits caractéristiques semblent ne pas ou très peu changer avec l’âge (voir résultat analyse photographique partie III.1.3. de ce rapport). Il est alors possible d’établir une carte d’identité pour chaque apron permettant ainsi de suivre les individus sur une ou plusieurs années.

Généralités sur le Doubs et son bassin versant 

   Le Doubs est une rivière du massif jurassien, situé au nord-est du bassin versant du Rhône (figure 4). Long de 459 km, son cours est en majeure partie localisé sur le département du Doubs (25) en Région Franche-Comté. Il prend sa source à Mouthe (25), à 945 mètres d’attitude, puis alimente le lac de Saint-Point avant de traverser la ville de Pontarlier. Une partie de son cours moyen prend ensuite un caractère frontalier entre la France et la Suisse (le Doubs franco-suisse s’écoule sur 43 km, de Villers-le-Lac à Soubey). Puis il entre intégralement sur le territoire suisse (formant une boucle de 29 km, de Soubey à Brémoncourt). Enfin, il reprend sa course en France sur près de 300 km, traversant Besançon ou encore Dole pour venir se jeter dans la Saône à Verdun sur le Doubs (71). Il possède cinq affluents principaux, le Drugeon, le Dessoubre, l’Allan, le Cusancin et la Loue (résurgence du Doubs), répartis d’amont en aval. Son bassin versant, d’environ 7700 km2 , est fortement influencé par un climat continental (neige et fortes gelées l’hiver, sécheresses et chaleur l’été ponctué par des pluies pouvant être orageuses). De plus, la pluviométrie importante observée sur ce territoire (entre 1000 et 2000 mm/an), couplé à des assises géologiques perméables (nombreux phénomènes karstiques : pertes, résurgence, dolines…), donne au Doubs un caractère torrentiel (crue importante et propagation rapide de l’eau). Ainsi l’écart entre les débits extrêmes est accentué. Il est par exemple possible de voir le Doubs varier de 2 à 400 m3/s à Goumois ou encore de 8 à 1400 m3/s à Besançon.

Géologie et Hydrogéologie de la zone d’étude 

   Cette portion de rivière, appartenant au bassin du Doubs franco-suisse, s’étend sur la zone plissée, la plus interne du massif du Jura, ou « faisceau helvétique ». À cet endroit, le Doubs s’est largement incisé dans des assises calcaires perméables datant du Jurassique supérieur et moyen (retrouvé notamment sur les plateaux) et intercalées de strates marneuses imperméables (du Séquanien ou de l’Oxfordien). Les vallées encaissées sont elles occupées par des couches datant du Crétacé, parfois recouvertes de dépôts morainiques ou fluvioglaciaires. Sur la partie aval (Suisse), le Doubs emprunte le synclinal bordé par la chaîne du Clos du Doubs et les pentes de Clairmont, dans une vallée élargie et érodée jusqu’à l’Oxfordien (d’après EPTB Saône et Doubs, 2011). Cette zone est caractérisée par une importante circulation souterraine de l’eau, responsable de la formation de nombreuses grottes, dolines mais aussi de réseaux karstiques complexes. Ce processus est souvent responsable de l’assèchement rapide des vallées et plateaux, malgré les pluies abondantes et fréquentes. Ceci conduit à la formation de nombreuses résurgences (ou sources vauclusiennes), qui alimentent le Doubs tout au long du linéaire d’étude (résurgence du Theusseret, des moulins de Soubey ou de Bellefontaine) offrant un fort potentiel écologique au milieu (eaux fraîches et calciques). Cependant, cette géologie particulière rend le Doubs très vulnérable aux pollutions d’origine domestique, agricole ou encore industrielle. La rapidité de circulation de l’eau dans les réseaux karstiques, limite la rétention des polluants ou encore la capacité de bioépuration des sols peu épais du bassin versant. Cette situation particulière doit être prise en compte pour mettre en place des actions adaptées et strictes pour l’amélioration de la qualité de l’eau

Le barrage du Châtelot

   Ce barrage-voûte a été mis en service en 1953. Haut de plus de 70 m il est l’ouvrage le plus important de la vallée avec une capacité de stockage d’environ 16 millions de m3 , formant une retenue (lac de Moron) de 2,5 km de long pour 45 ha de surface. Il alimente l’usine du Torret (3,8 km en aval), dont la capacité de production est de 30 MW, électricité redistribuée entre la France et la Suisse. Il est la propriété de la société des forces motrices du Châtelot (SFMC), société dont 50% du capital est détenu par la France (EDF) et 50% par la Suisse (Groupe E).

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

REMERCIEMENTS
PRÉAMBULE
SOMMAIRE
INTRODUCTION
I. CONTEXTE DE L’ÉTUDE
I.1 Connaissances générales sur l’espèce apron du Rhône (Zingel asper) 
I.2 Présentation de la zone d’étude 
II. MATÉRIELS ET MÉTHODES 
II.1 Demande d’autorisation pour la réalisation des échantillonnages et prise de contact
II.2 Planification et organisation des travaux de terrain 
II.3 Les méthodes de prospections aprons
II.4 Comment appréhender les éclusées 
II.5 Les travaux d’échantillonnages 
III. RÉSULTATS 
III.1 Les prospections nocturnes 
III.2 Données IBG compatible DCE 
IV. DISCUSSION
IV.1 Amélioration des connaissances sur l’apron du Doubs
IV.2 Dynamique des populations 
IV.3 Répartition des populations
IV.4 Taille et état des populations (évolution)
IV.5 Activités et facteurs en lien avec l’affaiblissement des populations d’aprons
V. PRÉCONISATIONS D’ACTION EN FAVEUR DE L’APRON DU RHÔNE SUR LE DOUBS FRANCOSUISSE
V.1 Suivi des populations et amélioration des connaissances sur l’apron 
V.2 Amélioration de la qualité de l’habitat de l’apron et gestion des populations
V.3 Volet communication
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
ANNEXES

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *