ACCES A L’EAU POTABLE DANS LES ILES DE BASSE CASAMANCE

Les températures

   L’évolution de la température moyenne mensuelle au Cap Skiring laisse apparaître deux maximas et deux minimas : elle est donc bimodale. Le maximum principal intervient en octobre avec une valeur de 28.1°C et correspond ainsi à la période de transition entre l’hivernage et le début de la saison sèche. Ce qui fait que la nébulosité, autrement dit la couverture nuageuse du ciel est faible favorisant ainsi la radiation solaire d’où une augmentation des températures par rapport au mois précédent. Le minimum principal survient en décembre c’est à dire en hiver de l’hémisphère nord et correspond à la période fraîche au Sénégal avec une valeur de 25.1°C. Le maximum secondaire survient en juin avec une valeur de 27.6°. Il correspond au début de l’hivernage et le minimum secondaire survient en janvier avec 24.5°.La chaleur est adoucie par les flux marins. De direction N à NE, ces vents sont frais, toujours humide, et leur Amplitude Thermique est faible.La moyenne des températures mensuelles qui est de 26.3°C nous permet de distinguer deux périodes : une période froide pendant laquelle les températures sont, inférieures à la moyenne. Une période chaude marquée par des températures élevées. La période froide dure six (6) mois et va de décembre à mai. La période chaude s’étale aussi sur six (6) moi et va de juin à novembre. Les amplitudes thermiques varient entre un minimum de 6.2°C en juillet et un maximum qui se situe en février 14.3°C. L’amplitude moyenne mensuelle est de 9.7°C, elle permet de distinguer deux périodes : une qui a des températures inférieures à la moyenne et une deuxième qui a des températures supérieures à la moyenne.

Variabilité de la pluviométrie moyenne annuelle

   L’analyse des écarts à la moyenne de la série laisse apparaître une succession d’années excédentaires et d’années déficitaires. La moyenne des précipitations de la station est de 1136mm. Les années excédentaires sont au nombre de (17) dont (11) soit (33.3%) ont un très faible excédent, (3), (9.1%) un faible excédent et (3), (9.1%) moyennement excédentaire. Les années excédentaires représentent 51.5% de la série. Les années déficitaires sont au nombre de 16 dont (6) soit (18.2%)) sont très faiblement déficitaire, (8), (24.3%) faiblement déficitaire, (1), (3%) moyennement déficitaire et (1), (3%) très fortement déficitaire. Les années déficitaires représentent 48.5%. La figure 5 permet de distinguer deux périodes bien distincts. La courbe de tendance est généralement en baisse de 1982 à 1998. Cette baisse est surtout liée au prolongement de sécheresse des « années 1970 » qui a comme conséquence une baisse annuelle des pluies et une diminution des ressources en eau. Pendant cette période, les ressources en eau diminuent au moment où la population ne cesse de croître. La demande en eau devient largement supérieure à la quantité disponible. A partir de 1999, on note une évolution de la courbe de tendance montrant ainsi un retour des précipitations. Un retour des précipitations qui ne se fait pas trop sentir par ce que pendant la période de sécheresse, l’estuaire de la Casamance à adapter un fonctionnement à sens inverse avec une forte pénétration des eaux marines vers l’amont du fleuve. La variation de la pluviométrie annuelle se caractérise par une succession d’années excédentaires et d’années déficitaires Cette variation peut être liée au changement des conditions climatiques et pluviogéniques qui se manifeste à travers le réchauffement climatique de la planète (MALOU, DACOSTA et al, 1998). La moyenne des précipitations de la station de Cap Skiring de 1982-2015 est de 1136mm. La variation des précipitations d’une année à l’autre est importante par rapport à la moyenne annuelle. La figure 6 montre une irrégularité de la pluviométrie sur cette période qui est marquée par une succession d’années humides supérieures à la moyenne et d’années sèches inférieures à la moyenne. Les résultats montrent la présence de deux phases dans l’évolution des pluies annuelles :
 La première période va de 1982-1998, elle est globalement déficitaire avec cependant des années excédentaires (1988, 1989, 1990, 1991, 1992, 1995, 1996 et 1997). Le maximum déficitaire est de 211mm, enregistré en 1998. La moyenne de cette période est de 1061mm avec une diminution de 150 mm par rapport à la période suivante. Cette phase est marquée par la sécheresse qui a démarré à partir de 1968. C’est une phase de péjoration climatique marquée par une baisse de la précipitation. En basse Casamance, cette période a favorisé l’intrusion des eaux marines dans la nappe superficielle ;
 La deuxième période (1999-2015) est excédentaire à l’exception de 2001, 2002, 2003, 2004, 2007 et 2011. La moyenne pluviométrique de cette période est de 1211mm. Cette deuxième phase qui va de 1999 à 2015 se distingue par un retour vers la normale. Autrement dit par une pluviométrie stable et une grande variabilité interannuelle.

L’agriculture

   Elle est la principale activité économique de Karabane. En Basse-Casamance, la riziculture rythme la vie de la population et joue un rôle central, tant sur le plan économique que religieux. Dès la fin du XVe siècle, les premiers navigateurs portugais ont décrit des techniques élaborées proches de celles d’aujourd’hui, notamment en ce qui concerne l’inondation et le repiquage. Refugiés dans les épais forets et la mangrove de la basse Casamance, les Diolas ont mis au point une véritable « civilisation du riz ». Les techniques extrêmement savantes comportent notamment de profond labours et la pratique du repiquage, elles ont permis l’établissement de rizières permanentes, aménagés dans les terres basses, ou mieux, conquises sur les vases salées occupées à l’état naturel par la mangrove. Des confins de palmerais à l’amont jusqu’au cœur des boisements de palétuviers baignés par la haute marée, à l’aval s’échelonne des types de rizières de plus en plus profondes où un quadrillage régulier de digues retient les eaux de pluies et favorise l’inondation. Les rizières les plus basses, situées au-dessous du niveau des hautes marées, sont de véritables polders protégés par de puissantes digues, dessalés par un travail associant de multiples labours au lavage du sol par les pluies, et transformé en périmètres de culture où une inondation prolongée, dirigée assure chaque année les plus fécondes récoltes (Pélissier, 2002). (Saglio C.1984,) disait à ce Accès à l’eau potable dans les îles de la basse Casamance : étude de cas de l’île de Karabane propos « qu’en pays diola, manger ne signifie pas avoir d’autres sens que manger du riz, et c’est vraiment se trouver au dernier degré de la misère et de la déchéance que de passer une journée entière sans en consommer(…) ». Aliment de base, et toile de fond du paysage, le riz symbolise la richesse, l’objet d’offrande et de libération aux fétiches et à la source de condition ostentatoire spectaculaire. C’est la civilisation du riz qui donne à la basse Casamance une grande partie de son originalité. Aujourd’hui, avec la péjoration climatique la riziculture est de moins en moins pratiquée par la population de Karabane, à cause d’une contrainte majeure dont la salinisation des terres. Beaucoup de famille ont abandonné leurs rizières à cause de la salinité des sols et du manque de productivité des rizières. Un autre facteur justifie également cet abandon de l’agriculture : l’absence de main d’œuvre (engagement de la jeunesse de Karabane) dans l’agriculture. En fait, d’après les enquêtes menées auprès de la population, l’agriculture n’est plus rentable dans la mesure où les investissements (labours, repiquage, récolte) sont supérieurs à la production de riz récoltée. Les jeunes préfèrent partir à la capitale pour chercher du travail ou faire des études ce qui réduit considérablement le pourcentage des jeunes dans les activités agricoles. Des rizières abandonnées à cause de la salinité, une productivité inférieure aux efforts et frais d’exploitation des terres, et enfin un manque de main d’œuvre sont autant de faits qui justifient le désintéressement de la population à l’agriculture à Karabane et l’orientation des populations vers d’autres activités comme la pêche. Du XIXème siècle jusqu’à une époque très récente, la place de la pêche dans les systèmes de production de la Casamance était secondaire, les populations se consacrant prioritairement à la riziculture. Activité menée en saison sèche, limitée aux eaux intérieures du fleuve Casamance et des chenaux de marée, la pêche et la collecte des mollusques, en particulier les huitres, ont été de tout temps une source essentielle de protéines animales et, localement, un produit de troc. Conditionnée par le calendrier rizicole, la pêche est circonscrite aux eaux intérieures des bolongs. La plupart des engins sont passifs et les captures sont essentiellement destinées à l’autoconsommation. (Cormier Salem, 1999) présente la pêche comme “la seule occupation qui plaise” aux diolas et signale que les hommes, quand ils ne sont pas dans leurs rizières, sont sur les bolongs. Cette combinaison étroite entre la pêche et l’agriculture est rencontrée dans toutes les zones amphibies du littoral ouest africain. La proximité du fleuve et de l’océan favorise une place privilégiée de la pêche et des activités connexes. Pourtant les populations autochtones, fondamentalement terriennes, se sont longtemps contentées de subvenir à leurs besoins quotidiens en faisant une pêche artisanale avec des pirogues légères fabriquées à partir de troncs de fromagers évidés, et à l’aide de nasses, de filets, de paniers ou de palissades-barrages. Au début du XXe siècle des pêcheurs venus de saint louis, du Mali et de la Guinée ont développé la pêche en haute mer et ont introduit de nouveaux engins.

Les sources d’approvisionnement en eau de boisson

   Les sources d’approvisionnement en eau de boisson sont diversifiées. Cependant, la collecte des eaux de pluies pendant la période pluvieuse par des bassines et des sceaux reste le mode d’approvisionnement le plus répandu pour les ménages, 92% des ménages interrogés. La collecte de l’eau se fait à travers les toitures des maisons. Les précipitations qui s’abattent sur ces derniers sont récoltées à l’aide de bassines, de sceaux et de barriques de 200 litres. L’eau de pluie est utilisée comme eau de boisson pendant presque toute l’année (9 mois). Dans la région, même s’il ne pleut que 5 à 6 mois dans l’année, les ménages vivant à Karabane adoptent des stratégies de conservation de cette eau. Ce système d’approvisionnement se fait par le stockage de l’eau dans des bidons ou des barriques qu’ils gardent précieusement dans un coin de leur maison. Selon Viland (1989), les eaux météoriques sont recueillies dans des conditions atmosphériques normales, c’est-à-dire en l’absence de contamination par les gaz et la poussière, elles possèdent des caractéristiques biochimiques assez proches d’une eau potable. Toutefois, la présence de polluants dans l’atmosphère peut être une source de contamination. Pendant la saison des pluies, il y a un lessivage de l’atmosphère par les eaux météorites (Mendy, 2010). En outre, sur les toitures des maisons, à partir desquelles sont récupérées l’eau de pluies, se déposent des particules de poussière et autres matériaux qui peuvent la souiller après lessivage de ces dépôts mais aussi par corrosion de la surface du toit suivant ses caractéristiques (nature, âge, état). La plupart des maisons ont une toiture en zinc. Les études expérimentales réalisées dans ce domaine montrent une décroissance rapide des matières en suspensión (MES) après 5 mm de pluie et une concentration relativement constante par la suite (Mendy, 2010). C’est pourquoi l’utilisation de l’eau de pluie non traitée pour la consommation présente des risques sanitaires. 3% des ménages interrogés utilisent l’eau du puit/forage du jardin des femmes comme eau de boisson. En effet, le forage financé par une ONG Turque du nom de (NAKSIBENDIYE SU KUYUSU) se situe hors du village à environ 500 mètres. Il y’a sans doute des difficultés d’accès ainsi que le risque de contamination de l’eau durant le trajet. Sa proximité avec le jardin des femmes peut être source de contamination. Comme l’eau du puit à tendance à changer de couleur, et elle est salée, seul 1% des ménages interrogés utilisent cette eau pour sa consommation. 4% des ménages s’approvisionnement fréquemment en eau douce à partir d’Elinkine qui est une localité situer à 45 minutes à pirogue de Karabane. En effet, ces ménages achètent cette eau potable à 100 FCFA le bidon de 20 litres et une famille achète en moyenne 14 bidons par semaine à raison de deux trajets de 7 bidons. Ce système d’approvisionnement prend de plus en plus de l’ampleur dans l’île de Karabane où on note l’absence ou la rareté de puits d’eau douce surtout pendant la saison sèche. L’eau du forage, ainsi que celle des puits, est seulement consommée par les ménages n’ayant pas les capacités d’acheter l’eau en provenance d’Elinkine ou ceux qui ont épuisés les réserves en eau de pluie qu’ils ont collectés.

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Table des matières

INTRODUCTION
PROBLEMATIQUE
Contexte
Justification de la recherche
OBJECTIF
HYPOTHESES
II. METHODOLOGIE DE RECHERCHE
II.1. Recherche documentaire
II.2. Revue critique de la littérature
II.3. Collecte des données
II.4. Traitement de données
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
CHAPITRE I : PRESENTATION DU MILIEU PHYSIQUE
I. Présentation et localisation de la zone d’etude
II. Karabane dans le complexe géologique de l’estuaire de la Casamance
II.1. Le relief
II.2 Intrusion des eaux marines
II.3. Les ressources en eau
II.3.1.Les ressources en eau souterraines
II.3.2.Les ressources en eau de surface
II.4. Les sols et le couvert végétal
III. Étude du climat
III.1 Les vents
III.2 Les températures
III.3 Humidité Relative
III.4. Insolation
III.5 Évaporation
III.6 Variabilité de la pluviométrie moyenne annuelle
III.6.1. Répartition mensuelle de la pluie
CHAPITRE II : PRESENTATION HUMAINE
I. L’historique de Karabane
I.1 Les équipements socio-culturels
II. Les activités socio-économiques
II.1. L’agriculture
II.2. Le Commerce
II.3. Le tourisme
DEUXIEME PARTIE : LES MODALITES D’ACCES A L’EAU POTABLE DANS L’ÎLE DE KARABANE
CHAPITRE III : LES CONDITIONS D’ACCES A L’EAU A KARABANE 
I. Les sources d’approvisionnement en eau
I.1.Les sources d’approvisionnement en eau de boisson
II. Présentation des équipements hydrauliques
II.1 Modes d’approvisionnement en eau de boisson et revenu moyen mensuel des ménages
III. La collecte de l’eau
III.1 Temps consacré à la collecte de l’eau
IV. Consommation d’eau
CHAPITRE IV : LES CONTRAINTES LIEES A L’ACCES A L’EAU  POTABLE DANS L’ILE DE KARABANE
I. La qualité de l’eau
I.1 Le prix de l’eau
II. La gestion de l’eau dans l’enceinte familiale
III. Les contraintes liées à l’accès à l’eau
III.1 Améliorations à apporter au système selon la population
BIBLIOGRAPHIE

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