ENVIRONNEMENT URBAIN ET SANTE

Le niveau de connaissance sur les modes de transmission du paludisme

   Les chefs de ménage enquêtés sont généralement mieux éclairés par les modes de transmission du paludisme dans la localité. Cette situation n’est pas étonnante car depuis plus d’une décennie, il y a un projet dédié à la lutte contre le paludisme dans la ville BMP « Bandiagara Malaria Project ». C’est dans ce contexte que les 80% des chefs de ménage interrogés ont déclaré que les moustiques sont à la base de la transmission du paludisme. Notons que plus de 10% environ parmi eux ont même affirmé que ce sont les anophèles femelles qui causent la maladie en piquant l’homme pendant la nuit. Par exemple pour cet enseignant à la retraite « Ce qui donne précisément le paludisme, ce sont les moustiques. La manière dont les moustiques transmettent le paludisme. Le paludisme s’il vient, souvent ça commence par une personne. Le moustique après avoir bu le sang du malade, s’il arrive à piquer celui qui n’a pas le paludisme, ça le contamine dans ma pensée ». Par contre 20% des chefs de ménages ignorent encore les causes réelles de la survenue du paludisme. Ce qui constitue un risque majeur pour ces individus. En effet, la connaissance des modes de transmission de la maladie pourrait contribuer à influer sur la morbidité élevée dans la ville.

Le recours aux soins

   Les ménages de la ville de Bandiagara recourent aux structures de soins lorsqu’ils sont confrontés à des problèmes de santé. La ville de Bandiagara accueille beaucoup de patients des communes environnantes. Ainsi, la carte sanitaire de la ville de Bandiagara est composée d’un centre de santé de référence, d’un centre de santé communautaire, d’un centre de recherche en médecine traditionnelle, de six structures de soins privées et quatre d’officines pharmaceutiques. La diversité des structures sanitaires détermine généralement le choix thérapeutique des patients. Au cours notre enquête dans les différentes structures sanitaires de la ville, nous avons recueilli des informations dans les registres de consultation de 2017. Ainsi, nous avons recensé 2379 patients pour toutes affections pour une population cible estimée 22306 habitants. Il faut noter que les données de certaines structures de soins privées et traditionnelles ne figurent pas à cause du manque de registres de consultation fiables. Le taux d’utilisation qui est le rapport entre la population de la structure sanitaire sur la population cible est de 11%. Ce taux sert à identifier l’accès aux structures de soins par la population cible (Tall H., 2012). Cela signifie que le recours aux soins n’est pas satisfaisant dans la ville de Bandiagara car d’après l’OMS pour qu’un système de soins soit considéré comme efficace il faut que son taux d’utilisation ne soit pas inférieur à la norme d’acceptabilité qui est de 70%. Donc le taux de fréquentation des structures de soins de la localité est très loin à la norme de l’OMS. Cela peut traduire à l’insuffisance des infrastructures sanitaires et à l’état de la pauvreté de la population de la ville de Bandiagara.

L’accessibilité géographique ou physique aux soins

   Elle est définie par Mizrahi (2011) comme étant « la distance d’implantation » entre la population et le service le plus proche. La distance physique et l’organisation socio-spatiale du système de soins peuvent constituer une contrainte ou un avantage séparant ou rapprochant le malade du service de soins auquel il prétend. Ainsi, l’éloignement et le manque des moyens de déplacement peuvent influer sur l’accessibilité des ménages aux structures sanitaires. Cette question de distance physique aux structures sanitaires ne se pose pas dans la ville de Bandiagara. Sur la base des indicateurs théoriques d’accessibilité utilisés par le ministère de la santé au Mali (les Indicateurs d’accessibilité aux Soins de Santé Primaires (IASSP) qui est la proportion de la population située à une distance inférieure ou égale à cinq kilomètres d’un poste de santé, à une bonne accessibilité aux structures de soins. L’accessibilité des populations aux structures sanitaire dans notre zone d’étude est globalement satisfaisante car la plupart des ménages sont localisés à moins de cinq kilomètres d’un poste de santé. En effet, même du point de vue du nombre et de la répartition géographique des structures de santé, on peut relativiser les contraintes liées à l’accessibilité de certains quartiers de la ville de Bandiagara. Par exemple, l’état défectueux des routes et l’insuffisance d’éclairage public impactent lourdement sur l’accessibilité des populations de Bandiagara aux services de santé. C’est pourquoi les moyens de déplacement les plus sollicités sont surtout les engins à deux roues (les motos Jakarta et les vélos) pour se rendre dans une structure sanitaire.

La lutte contre les vecteurs du paludisme

   Le PNLP procède généralement à la distribution gratuite des moustiquaires imprégnées d’insecticide longue durée (MILD) aux couches vulnérables notamment les femmes enceintes au cours de la consultation prénatale et des enfants de moins de 1 an lors de la vaccination de routine. Elle fait l’objet d’une politique qui vise à prévenir les accès palustres en mettant à la disposition des populations des outils de lutte contre les moustiques vecteurs du paludisme (paludisme). C’est dans ce contexte que le PNLP a distribué gratuitement 1893 MILDA dans la ville de Bandiagara en 2017. Ces MILDA portent une mention qui les distinguera de celles du commerce. Pour permettre le passage à l’échelle de l’utilisation des MILDA, le partenariat entre le secteur privé, le secteur public et la société civile sera renforcé. Cependant la pulvérisation intra domiciliaire (PID) est souvent appliquée dans la ville de Bandiagara. Elle permet d’éliminer les moustiques vecteurs du paludisme à l’intérieur des maisons. A cet effet, l’accent est mis sur la promotion de l’hygiène et de l’assainissement, la destruction des gîtes larvaires par l’utilisation des larvicides. La lutte contre les vecteurs vise à anéantir les milieux propices à la reproduction des moustiques vecteurs du paludisme. Elle permet aussi d’atténuer le risque de transmission dans la localité. Dans le cadre de la gestion de la crise, le PNLP a développé et mis en œuvre en collaboration avec les partenaires au développement des stratégies de lutte dans les zones d’insécurité (prévention et prise en charge) notamment la promotion de l’utilisation des moustiquaires imprégnées et le traitement préventif intermittent pendant la grossesse. Une attention particulière est accordée aux femmes enceintes et aux enfants de moins de 5 ans pour lesquels les prestations de services ont été toujours gratuites et consolidées surtout dans les zones de conflit notamment la région de Mopti et le septentrion du pays.

CONCLUSION GENERALE

   Au terme de cette étude sur le paludisme dans la ville de Bandiagara en rapport avec l’environnement de la ville, nous tirons beaucoup d’enseignements. L’étude consacrée à ce rapport, a conduit à la détermination des facteurs essentiels qui sont susceptibles d’influer sur la morbidité palustre dans la ville de Bandiagara. En effet, il ressort qu’elle est largement tributaire aux facteurs environnementaux et sociaux. Ce qui montre que la santé des populations est fonction de l’environnement dans lequel évoluent celles-ci d’une part, mais que d’autre part, elle est aussi fonction des comportements sociaux. Par exemple, le milieu physique de la Bandiagara est caractérisé par un relief bas favorisant la stagnation d’eaux pluviales. Ces eaux stagnantes contribuent pour beaucoup à l’apparition des vecteurs responsables du paludisme dans la ville. C’est ce qui fait que les populations sont victimes à la morbidité palustre durant toute l’année. La croissance démographique galopante a entrainé une urbanisation non planifiée de la ville de Bandiagara. Cette urbanisation a favorisé la prolifération des habitats spontanés. La nature de cette occupation anarchique de l’espace constitue un grand obstacle pour la mise en place d’infrastructures, d’équipements et de services urbains à cause de l’absence d’espaces réservés, de l’étroitesse et de la sinuosité des voies dans la plupart des quartiers. A cela s’ajoute l’insalubrité de la ville de Bandiagara, ce qui fait que le risque de transmission palustre demeure élevé, stable et endémique dans la localité. En outre, l’accroissement des surfaces cultivées notamment des périmètres maraîchers dans la ville favorise localement le développement et la survie des vecteurs ainsi que la transmission du paludisme. C’est ce qui fait que le taux de prévalence du paludisme reste très élevé à cause de la mobilité des populations, la promiscuité des habitats, l’urbanisation rapide de la ville etc. La situation du paludisme est toujours alarmante dans la ville de Bandiagara d’après les données de la morbidité diagnostiquée recueillies à partir du dépouillement des registres de consultations journalières des différentes structures sanitaires de la ville. Il dénote que la morbidité palustre est plus intense pendant la saison des pluies dans la ville de Bandiagara. La santé des populations demeure étroitement corrélée à l’environnement dans lequel elles évoluent. La morbidité palustre est également influencée par les comportements qu’adoptent les populations en matière de la gestion des ordures ménagères et des eaux usées. L’endémicité du paludisme dans la zone est liée à la présence permanente des eaux stagnantes et les problèmes d’assainissement de la ville. Dans le cadre de notre étude, un système peut être entendu comme « ensemble d’interactions qui met en jeu les composantes de l’espace, les agents pathogènes et leurs exigences écologiques propres, et les individus avec leurs modes de vie, leurs comportements et pratiques ». Le paludisme apparaît alors comme la résultante de tous ces facteurs qui fragilisent et exposent davantage les populations à la maladie. Dans un tel contexte d’environnement urbain mal assaini et de mentalités encore marquées par les traditions, les conséquences sanitaires sont multiples et néfastes sur la santé des populations urbaines. Celles-ci sont confrontées à de nombreuses maladies parmi lesquelles le paludisme, la diarrhée, les affections respiratoires, etc., restent prédominantes dans la région. Ainsi, le paludisme constitue aujourd’hui un problème majeur de santé publique au Mali, car il représente la première cause de morbidité et mortalité notamment dans la ville de Bandiagara. En plus des pertes en vies humaines, le paludisme coûte en dépenses de santé publique. A cet effet, le paludisme constitue un facteur d’aggravation de la pauvreté, une cause d’inégalité et un frein au développement. Au regard de la gravité de l’endémie palustre pour les pays en développement, le Mali en particulier, et sa répercussion dans tous les secteurs de la vie, la lutte contre le paludisme est devenue l’une des premières priorités du Ministère de la santé et de l’hygiène publique. C’est ainsi que des stratégies de lutte contre le paludisme ont été mises en œuvre par les populations, le PNLP et ses différents partenaires dans la ville de Bandiagara. Ainsi, de l’ensemble de ces stratégies, si elles pouvaient être appliquées sur une grande échelle, découlerait une réduction sensible de la morbidité et de la mortalité dues au paludisme à Bandiagara. Cependant, on pourrait aller plus loin en intervenant à différentes échelles et en impliquant tous les acteurs. Ce sont là autant de pistes qui pourraient alimenter de futures recherches.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUE
Objectifs de l’étude
Hypothèses de recherche
Cadre conceptuel
METHODOLOGIE DE RECHERCHE
PREMIERE PARTIE : CARACTERISTIQUES SPATIALES, ENVIRONNEMENTALES ET SOCIO ECONOMIQUES DANS LA VILLE DE BANDIAGARA
Chapitre I : Caractéristiques spatiales de la ville de Bandiagara
Chapitre II : Caractéristiques socio- économiques
Conclusion partielle
DEUXIEME PARTIE : MORBIDITE PALUSTRE ET DETERMINANTS DE LA TRANSMISSION DU PALUDISME DANS LA VILLE DE BANDIAGARA
Chapitre I : Analyse de l’incidence de la morbidité palustre dans la ville de Bandiagara
Chapitre II : Facteurs de risque de transmission du paludisme
Conclusion partielle
TROISIEME PARTIE : RECOURS AUX SOINS ET DIFFERENTES STRAGEGIES MISES EN ŒUVRE DE LUTTE CONTRE LE PALUDISME DANS LA VILLE DE BANDIAGARA
Chapitre I : Recours aux soins en cas de paludisme dans la ville de Bandiagara
Chapitre II : Les différentes stratégies développées pour lutter contre le paludisme dans la ville de Bandiagara
Conclusion partielle
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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